Dix ans apres Sidi Bouzid: les conséquences sur les vendeurs ambulants
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Il y a dix ans, le soulèvement tunisien entraînait la chute de Ben Ali et le début de ce que l’on appela le printemps arabe. C’est l’immolation d’un vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, le 17 décembre 2010, qui fut le déclencheur de la révolution tunisienne. Dans sa ville de Sidi Bouzid, dix ans après son geste fatal, comment vivent ces vendeurs ?
Aux abords des marchés ou au coin des rues, ces hommes déplacent inlassablement leurs charrettes à la recherche de clients, tel que Faouzi, la trentaine, qui n’a qu’une réponse quand on lui demande combien de kilomètres il parcourt chaque jour : « Je ne sais pas mais j’ai mal aux pieds ! »
Comme lui, des dizaines de vendeurs errent du matin au soir à Sidi Bouzid. Omar Taouil balade son étal de dattes qu’il vend aux passants, posé sur deux roues de vélos : « J’ai quatre enfants et leur mère qui a une maîtrise est au chômage depuis 16 ans. Je suis incapable de subvenir aux besoins de ma famille correctement. C’est impossible. »
« Rien n'a changé pour nous »
Est-ce que la mort de Mohamed Bouazizi a changé quelque chose sur son travail ? « J’étais là il y a dix ans, raconte-t-il. J’étais à côté de lui quand il s’est immolé, c’était mon ami. J’y ai cru, on espérait que la situation s’améliore avec des lendemains meilleurs, mais malheureusement, c'est chaque jour pire. C’est incompréhensible mais rien n’a changé pour nous. »
Le regard des gens a-t-il changé sur le métier de vendeur depuis cet événement ? « Non, jusqu’à maintenant, ça n’a pas changé de manière positive. On reste pour la population des personnes pauvres qui font tout ce qu’elles peuvent pour assurer un gagne-pain minimum. Rien de plus. On fait pitié... », regrette-t-il. Omar Taouil gagne entre deux et trois euros par jour, trop peu pour ce quinquagénaire qui regrette comme beaucoup que la révolution ait engendré une inflation qu’il ne peut pas suivre, comme les prix de l’alimentation multipliés par deux.
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La compassion et les prix imbattables pratiqués par ses vendeurs pour attirer les clients poussent nombre d’habitants, comme Tarek, les bras chargés de fruits et légumes, à éviter le supermarché : « Je fais mes courses auprès d’eux par solidarité pour deux raisons. Ce sont des gens qui travaillent pour nourrir leur famille. Et leurs produits sont vraiment moins chers qu’ailleurs. »
Cette aggravation de la situation a eu raison de la solidarité entre vendeurs comme en témoigne Riadh Ahlin : « Sidi Bouzid était connu bien avant Mohamed Bouazizi et je peux vous dire que c’était mieux avant. »
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