RDC: 27 ans après leur arrivée, les ADF sont toujours actifs [3/6]
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Les ADF, arrivés sur le sol congolais en 1995, opèrent toujours. Depuis 2014, les attaques contre la population locale sont particulièrement violentes dans la région de Béni, dans l’est de la RDC. En mai dernier, le président Félix Tshisekedi a décrété l’état de siège des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Sept mois plus tard, les Ougandais ont envoyé le 30 novembre 2021 leur troupes pour traquer les ADF. Mais ce groupe armé, d’origine ougandaise, continue de terroriser la population.
De notre envoyée spéciale à Béni,
Les bouteilles de bière n’ont pas bougé depuis le 25 décembre 2021. Ce jour-là, c’est la première fois qu’un bar de Béni est touché par une attaque kamikaze. Huit personnes sont décédées sur la terrasse de Tonton Kakoti après qu’un homme ait déclenché sa ceinture explosive. Si le tenancier de Inbox n’en a pas la preuve, il est persuadé que les ADF sont les auteurs de cet attentat.
« On se demande pourquoi seulement ici. En soit on a pas été la cible, nous avons seulement été les victimes. Nous ne savons pas déterminer tout ça. On n’a pas plus de détails... », se désole-t-il.
Au bureau de la société civile, on pointe aussi du doigt ce groupe. Pour maître Pépin Kavota, la dernière attaque est un changement majeur dans leur mode opératoire. « Auparavant c’était des enlèvements. Depuis 2014, on a assisté au massacre où on égorgeait la population avec des machettes et des haches. Et après, il y a eu des bombes piégées dans les lieux publics », explique l’avocat.
Si le groupe a fait allégeance à l’État islamique en 2019, aucun lien entre les deux organisations, ni financier ni de commandement, n’a jamais été prouvé. Aujourd’hui, personne ne peut expliquer quels sont les objectifs des ADF.
Renouer le dialogue avec les habitants
À la radio des forces armées, on tente de renouer le dialogue entre les habitants de la région de Béni et les soldats. Car plus de 25 ans après l’arrivée des ADF, ni les forces congolaises ni les forces étrangères n’ont réussi à éliminer ce groupe, concède le capitaine Anthony, l’un des porte-paroles de l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu.
« On s’accuse mutuellement et la population pense que l’armée ne travaille pas parce qu’elle est dans le business. Et l’armée pense que la population n’arrive pas à collaborer avec nous. Dans cette cacophonie-là, on donne de la force à l’ennemi et c’est le peuple congolais et la République qui sont perdants dans tout ça », dit-il.
Pour l’heure, il n’existe aucune estimation sur le nombre de combattants ADF. Ils demeurent le groupe armé parmi les plus mystérieux de RDC.
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