Dans les mines d’or de Guinée, les accidents s’enchaînent ces derniers temps. Le 1er mars, plus d’une dizaine de personnes sont mortes dans l’éboulement d’une galerie dans la zone de Kounsitel, dans le nord du pays. Visite d'un site d’orpaillage artisanal où les travailleurs prennent tous les risques pour ramener l’or à la surface.

De notre correspondant à Conakry,
Le paysage ressemble à un immense gruyère. Il faut regarder attentivement où l’on met les pieds. Dans cette région de l'est du pays, tout près de Kourousa, il y a des trous partout et autant de mines dans lesquelles s’engouffrent les hommes pour en tirer des paniers remplis de terre qu’ils passent ensuite au détecteur de métaux. Ça permet de repérer l’or plus rapidement.
En profondeur, à plus de 10 mètres. Lanfia Kourouma a 42 ans. Il est orpailleur. Les moindres recoins de sa peau et de ses vêtements sont couverts d’une poussière blanche : « Après avoir creusé, on récupère la roche. Il faut la briser, puis en la lavant on trouve de l’or. »
Lanfia Kourouma nous montre un puits de 1,60 mètre de diamètre dont on ne distingue pas le fond, plongé dans le noir. Des cavités sculptées dans la paroi forment un escalier improvisé. Lanfia Kourouma ne travaille plus dans cette mine. Il l’a abandonnée, une fissure est apparue. « Ça fait 6-7 ans qu’il n’y a pas eu d’accident mortel. Le dernier en date a été causé par l’alcool. Un trou avait commencé à devenir dangereux. Un homme est resté sur place après le travail, il était soûl. Il a vu qu’il y avait un peu d’or et il a voulu descendre. Il y est resté, celui qui l’accompagnait a perdu sa jambe. »
Orpailleur pour survivre
Avant de travailler ici, Lanfia Kourouma était chauffeur. S’il pouvait gagner sa vie avec ce métier, il arrêterait l’orpaillage : « C’est très dangereux, c’est mon dernier espoir de survivre, en travaillant ici. Parfois, précise-t-il, tu peux travailler deux, trois mois et tu ne gagnes rien. »
Mais il peut empocher, en quelques jours de travail seulement, plusieurs centaines d’euros. Attachées à des cordes, les bassines de terre sont remontées à la surface par les femmes. D’un pas assuré, elles slaloment entre les brèches ouvertes dans le sol, leur lourde charge posée sur la tête.
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