Reportage Afrique

Santé mentale en Afrique du Sud: l’impact de la criminalité sur la santé mentale [2/3]

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Alors que l’Afrique du Sud enregistre en moyenne trois meurtres toutes les heures, et que plus d’une centaine de plaintes pour viol sont déposées par jour, le pays se classe souvent parmi les plus dangereux au monde. Et les victimes de crimes ont parfois besoin d’aide pour surmonter le traumatisme. 

Vue de Johannesbourg en Afrique du Sud (Image d'illustration).
Vue de Johannesbourg en Afrique du Sud (Image d'illustration). © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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En 2022, la journaliste sud-africaine Heidi Giokos a été attaquée chez elle, en pleine nuit, par un cambrioleur. Encore sous accompagnement psychologique aujourd’hui, elle ressent toujours les conséquences de cette agression : « À un certain moment, je n’avais pas mes vêtements sur moi, et mes mains étaient attachées dans mon dos. Il s’est levé pour enlever son pantalon, et c’est là que je me suis enfuie. Je me suis levée, j’ai commencé à courir, j’ai réussi à atteindre l’entrée, à soulever le loquet du portail et à m’enfuir. Il allait sans aucun doute me violer, et ensuite probablement me tuer. Tout cela a encore de lourdes conséquences sur ma santé mentale : je suis toujours en alerte, toujours inquiète, à vivre sans cesse dans la peur. Je n’ai pas passé une bonne nuit de sommeil depuis un an. Bizarrement, je me réveille encore vers 2 heures du matin, l’heure à laquelle tout s’est passé. C’est très difficile de surmonter quelque chose comme ça ».

« On vit tout le temps dans la peur »

Un témoignage bien trop familier pour beaucoup de Sud-africains. Gugu Rantjie habite, elle, à Soweto, et elle a récemment échappé à une attaque dans son quartier de voleurs armés de couteaux : « Comme c’est assez commun, j’essaye de continuer comme si rien ne s’était passé. La seule chose que j’ai changée, c’est que je n’emprunte plus jamais cette route. C’est vraiment stressant, car on est censé se sentir en sécurité au sein de sa communauté, et maintenant ce n’est plus le cas. Donc, on vit tout le temps dans la peur, et ça me fait beaucoup réfléchir sur le futur de mes enfants, et sur l’endroit où je vis », dit-elle.

Pour répondre à la détresse de certaines victimes, des groupes de soutien ont été mis en place, en collaboration avec la police. Sheralee Bosman est à la tête d’une équipe d’une vingtaine de personnes, qui quadrille un quartier au sud de la ville : « On les aide à intégrer ce qui vient de leur arriver. Mais je pense que souvent les gens ont peur d’être stigmatisés. Ils pensent que s’ils demandent de l’aide c’est qu’ils ont un problème ou qu’ils sont faibles. Et cela concerne surtout les hommes », explique-t-elle.

Pourtant, une expérience traumatisante qui n’est pas surmontée peut, selon les personnes, avoir des conséquences sur le long terme, selon Gaudence Uwizeye, du Centre pour l’étude de la violence et de la réconciliation (CSVR) : « Un incident violent, ça nous affecte physiquement, mentalement et même dans notre comportement. Du côté des victimes, vous êtes déprimé, vous êtes stressés, on est rejeté, vous avez la peur qui vous enferme dans votre maison ».

La violence et ses conséquences sur la santé mentale peuvent aussi se cacher derrière des portes closes, puisque au moins une Sud-africaine sur cinq a déjà été victime de violences conjugales.

>> À lire aussi : Santé mentale en Afrique du Sud: les Freedom Fighters évoquent les traumatismes de l'apartheid [1/3]

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