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Tunisie: les oliviers millénaires, joyaux du patrimoine tunisien

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En Tunisie, les oliviers millénaires font la fierté des habitants dans le nord et le sud du pays. Mais difficile de réellement mesurer l’âge de ces arbres dont la longévité est surtout associée à des histoires, du patrimoine et quelques légendes. Dans un pays où l’arbre est sacré, car l’huile d’olive représente 40 % des exportations agro-alimentaires, les oliviers millénaires sont aussi un moyen de sensibiliser à la protection de l’environnement et au patrimoine.

Si ces oliviers sont difficiles à dater avec exactitude faute de pouvoir couper leur tronc, leur valeur reste très importante sur le plan écologique.
Si ces oliviers sont difficiles à dater avec exactitude faute de pouvoir couper leur tronc, leur valeur reste très importante sur le plan écologique. © Getty Images/Westend61
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De notre correspondante à Tunis,

Il est impossible de manquer l’olivier millénaire d’Echraf, un hameau au nord-est de la Tunisie. Sa présence fait la fierté du village et l’arbre en grandeur nature est imposant… Son âge est de 2500 ans d’après une datation effectuée par l’institut français du monde de l’olivier.

Selon Mohamed Ayed, membre de l’association qui protège l’arbre, il fait l’objet de nombreuses croyances. « Selon aussi le mythe, ils disaient que les Berbères ou la population originale de cet endroit-là, l’un de leurs dieux fait la prière aux arbres, donc ils respectent beaucoup l’arbre. Après, cette tradition a été transmise d’une génération à une autre. »

Protégé par les saints

Des mausolées de saints ont été également construits près des oliviers millénaires et centenaires de la région, explique Abdallah Getari, 84 ans et instituteur à la retraite. « Il y a le marabout ici du saint Salah près de l’olivier d’Echraf, donc personne n’ose toucher à l’olivier, car on estime que sa longévité a été protégée par les saints ».

Wahida, 52 ans et styliste modéliste, est venue prendre des photos de l’arbre. « Il est splendide. J’en ai parlé déjà à des amis en France, j’ai envoyé des photos et je trouve que c’est important de le faire connaître, ça fait partie de la valeur du patrimoine, je pense. »

Des branches étendues sur 2 000 mètres carrés

Dans le sud tunisien, à Tataouine, un autre olivier, en plein milieu du désert, près d’un village berbère, aurait près de 900 ans, selon les récits des historiens. Ses branches s’étendent sur 2 000 mètres carrés et il est sacré, comme l’explique Redouane Herrer, un commerçant.

« Quand j'étais jeune, je me souviens que pendant la saison des olives, nous allions ramasser les olives et nous les mettions dans de grandes cuves pour les faire macérer pendant 20 à 25 jours. Parfois, nous construisions même une tente ou un abri pour rester sur place. C’est très important pour nous d’entretenir l’arbre, même pendant le mois de ramadan. » 

Symbole de résilience

Selon Kamel Gargouri, professeur à l’institut national de l’olivier, si ces arbres sont difficiles à dater avec exactitude faute de pouvoir couper leur tronc, leur valeur reste très importante sur le plan écologique. « Ces oliviers très vieux renferment le patrimoine génétique originel de l’olivier cultivé en plus de l’olivier sauvage. Ils retiennent le sol, ils sont un lieu d’ancrage et de diversité biologique dans diverses régions, surtout dans les régions arides. »

Les oliviers sont connus pour leur résilience. Il en existe plus d’une soixantaine de variétés en Tunisie qui est le troisième plus gros producteur d’huile d’olive au monde

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