Reportage Afrique

Madagascar: à Antsirabe, un espace pour sortir les femmes de la précarité [2/5]

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« Des emplois décents pour tous » et en particulier pour les femmes. C’est le cap fixé par le président sortant Andry Rajoelina dans le Plan émergence Madagascar, document stratégique adopté sous son mandat pour le développement du pays. Mais les avancées sont timides. Bas salaires, sous-emploi, chômage déguisé… Les femmes restent la catégorie la plus touchée par la précarité. Alors comment s’en sortir ? À Antsirabe, la capitale agro-industrielle du pays, l’association Mazava offre à ces femmes un espace de soutien moral et du travail.

À Antsirabe, capitale agro-industrielle de Madagascar, l'association Mazava offre à des femmes en difficulté quelques heures de travail par semaine.
À Antsirabe, capitale agro-industrielle de Madagascar, l'association Mazava offre à des femmes en difficulté quelques heures de travail par semaine. © Pauline Le Troquier / RFI
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De notre correspondante à Antananarivo,

Un salon de coiffure à l’entrée, une laverie, un poulailler au fond de la cour… Ces espaces abrités par l’association Mazava sont tous dédiés à employer des femmes en difficulté quelques heures par semaine. Marie-Abeline, elle, tisse un panier en raphia, vendu ensuite par l’association. Elle ne quitte pas son crochet des yeux.

« Si vous êtes rapides, vous pouvez vous en sortir. Par exemple, ce sac, je le termine en quatre ou cinq jours. Je le vendrai 35 000 ariarys. Je tricote dès que j’ai un temps libre après les tâches ménagères. Je le fais pour ne pas rester dans l’oisiveté et pour renforcer le revenu de mon mari », explique Marie-Abeline.

Dans ce quartier, 95 % des femmes seraient sous-employées. Pas assez d’heures de travail pour un revenu décent. Résultat, elles restent au foyer, et là souvent exposées à la violence. En parler, briser le tabou pour s’en sortir, c’est aussi l’un des objectifs de l’association.

« Les femmes qui restent au foyer, c’est ça le fond du problème », pointe Sahondraniaina, présidente de l’association Mazava. « Les violences se créent automatiquement quand le couple est dans une impasse économique. Il y a des paroles blessantes du mari et certaines femmes ne supportent plus les violences conjugales, elles préfèrent s’enivrer et deviennent alcooliques. Elles finissent par perdre le contrôle. »

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« C’est le minimum pour survivre »

Fandresena, 22 ans, est l’une des plus jeunes du groupe cet après-midi. Ce qu’elle a appris ici ? « Rendre belles » les femmes en les coiffant, résume-t-elle fièrement, en entrant dans son local.

« Voici mon petit salon », nous indique Fandresena. « Cela ne rapporte pas beaucoup parce qu’on est à la campagne, n’y a pas beaucoup de gens qui viennent. Ça m’aide juste à gagner pour la nourriture comme ça, mais à part, d’autres activités, je ne peux pas y faire, c’est juste le minimum pour survivre. Quand j’ai eu mon bac, j’ai eu un peu de difficultés à continuer mes études, donc j’ai intégré l’association. »

Avec 10 000 ariarys par jour environ, son activité complète pour l’instant le revenu de son mari, laboureur. Mais Fandresena voit plus grand pour l’avenir. « Si c’est possible, j’aimerais bien faire un peu plus que ça, peut-être aller dans les villes pour y faire ma petite entreprise », imagine-t-elle.

Des projets que la majorité des femmes rencontrées cet après-midi disent n’avoir jamais osé envisager. Selon une enquête d’Afrobaromètre, deux tiers des Malgaches estiment que les hommes devraient être prioritaires à l’emploi lorsque celui-ci se fait rare.

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