Centrafrique: le PK5, à nouveau symbole du vivre ensemble [3/3]
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Le PK5, quartier à majorité musulmane situé dans le troisième arrondissement de la capitale, renaît progressivement de ses cendres. Lassés par des années de crise, les habitants du secteur et les autorités locales avaient appelé au départ des groupes d'autodéfense en 2015. Après les élections présidentielles et législatives de 2016, l'État avait retrouvé son autorité et le quartier ses services publics. Aujourd'hui, on note la présence des forces de l'ordre et des casques bleus de la Minusca.

De notre correspondant à Bangui,
Il est 10 heures 30 et c'est l'heure de pointe au PK5. Coups de klaxon, embouteillages... commerçants et clients s'entremêlent, chacun dans ces courses.
Des commerçants ambulants, appelés ici « Boubanguérés », se baladent partout avec leurs marchandises sur la tête ou dans des pousse-pousse. Parmi les clients, Hervé Aboubacar est flatté par les prix des produits écoulés à l'air libre. « Le marché revient de loin après cette crise. Nous avons beaucoup souffert. Il est temps de tourner la page. Comme vous pouvez le constater, il y a la paix, il y a de l'ambiance et il y a une parfaite cohabitation. Ça fait plaisir de voir comme le marché du PK5 a retrouvé ses couleurs. »
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Ici, c'est l'alignement des vendeurs de friperies. Au fond de la ruelle, des couturiers ont installé des machines à pédales. Ils ont pour principale activité les retouches des vêtements.
« On a tout fait pour ramener nos habitants ensemble. C'est ce qui a fait que, après la crise, il y a des chrétiens qui ont reconstruit leur maison. Ils sont retournés dans le 3ᵉ arrondissement. Au niveau du marché, nous avons plaidé pour qu'il reprenne vie. Aux abords de l'avenue Koudoukou, c'est tout un tas de mélange qui est là », explique Marie-Joseph Fitalona, conseillère à la mairie du troisième.
À l'autre bout du marché, on peut voir les étals des vendeurs de viandes et de légumes bien garnis. Non loin de là, on aperçoit des hommes et femmes qui tiennent des quincailleries. Le marché du PK5 est le véritable poumon économique de la Centrafrique, selon James Koursany, économiste.
« Les activités du secteur primaire, du secteur secondaire et du secteur tertiaire se trouvent au sein de ce marché. Nous constatons des ventes en gros et des ventes en détail. Le capital qui circule au sein de ce marché peut être estimé à une centaine de millions par jour, comparativement aux autres marchés de bandits, aux autres marchés de la République centrafricaine », précise-t-il.
Après des années de crises, le KM5 va visiblement mieux. Les Banguissois redécouvrent la densité du marché, le goût des méchouis, l'ambiance des orchestres et le vivre ensemble.
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