Kwame Ture, le destin hors du commun d'un Black Panther parti s'installer en Guinée [1/2]
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Il est né dans les Caraïbes, a grandi à New York et est mort à Conakry. Stokely Carmichael, alias Kwame Ture, est une figure du mouvement des droits civiques aux États-Unis, et un idéologue charismatique du Black Power. Cet Afro-Américain s’établit dans la Guinée de Sékou Touré à la fin des années 1960. Son destin restera à jamais lié à ce pays où il développe de nouvelles thèses panafricaines.

De notre correspondant à Conakry,
Lui, son regard magnétique. Elle, son visage doux et lumineux. Stokely Carmichael et la chanteuse, militante sud-africaine Miriam Makeba, forment un couple iconique de la lutte antiraciste. À la fin des années 1960, ils s’envolent pour la Guinée.
« C’est quelqu’un qui laisse tous ses privilèges aux États-Unis pour venir en Afrique, où le pays peine à se développer. Il faut être un homme de conviction et un Africain dans l'âme pour pouvoir faire cet acte », dit son fils Alpha Yaya.
À Conakry, au contact du président Sékou Touré et de son ami le dirigeant ghanéen Kwame Nkrumah, Stokely Carmichael se convertit au panafricanisme qu’il va désormais considérer comme la solution aux problèmes du peuple noir. En hommage à ces deux leaders, il adopte un nouveau nom : il devient Kwame Ture.
Jordan Garcia, le consul honoraire de la Guinée en Californie, explique que « c'est quelqu'un qui [l'a] tout de suite très intéressé, parce que c'était différent de Martin Luther King qui était un pasteur. Si on vous mettait une claque sur la joue gauche, il faut tendre la joue droite. Lui, c'était complètement différent. C'était “s'il nous tire dessus, on va leur retirer dessus”. »
De figure controversée à personnage réhabilité
À cause de ses idées, le jeune Stokely Carmichael se retrouve dans le viseur du FBI. Figure controversée dans les années 1960, aux États-Unis, le personnage historique a depuis longtemps été réhabilité par Washington. « Le gouvernement reconnaît les complexités de l'histoire de Kwame Ture », explique l’ambassadeur des États-Unis à Conakry, Troy Fitrell. « Ses contributions et ses opinions, ses positions plus radicales. Mais les positions plus radicales sont aussi une contribution à la conversation des droits civiques ».
1998, le 15 novembre. L’ambassadeur américain de l’époque assiste même, à Conakry, aux funérailles de Kwame Ture. « Il a vécu la moitié de sa vie en Guinée. Il adorait la Guinée, il adorait le peuple guinéen. Il voulait mourir ici », rappelle Bokar Biro, le fils aîné du penseur panafricain.
Kwame Ture est enterré au cimetière Cameroun à Conakry. Il repose dans la partie musulmane.
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