Kenya: les matatus de Nairobi, une plate-forme pour les DJ débutants [1/4]
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Les matatus sont devenus un symbole des rues de Nairobi. Les matatus, ce sont des bus privés de transport en commun bon marché, très populaires au Kenya. Étant très utilisés par les jeunes, ils déroulent une bande-son choisie et ils représentent une opportunité pour les DJ de promouvoir leurs mix musicaux.

De notre correspondante à Nairobi,
De la musique qui s’échappe des matatus et des conducteurs qui ameutent les passants, le terminal de bus du centre-ville de Nairobi est animé. Déjà à bord d’un matatu, Brian attend qu’il se remplisse pour partir. Direction le bidonville de Kibera pour ce jeune de 23 ans :« C’est un moyen de transport que je trouve cool. Grâce à la musique et aux télévisions que l’on y trouve, ça permet de se détendre après une journée de travail. Que ce soit du hip-hop, de l'afrobeat, du reggae ou de la pop, j’adore la musique qui y est diffusée. »
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Les playlists diffusées en continu ne sont pas choisies au hasard. C’est ce qu’explique David Kassano, au volant de son matatu. « Je passe tous les genres musicaux, en fonction de l’heure de la journée ou de l’ambiance des passagers, explique le conducteur. Je commence toujours par du gospel. L’après-midi, les passagers ont besoin de se détendre, donc je mets de la musique qui divertit, comme le dancehall. Le soir, selon mon humeur, je mets du reggae ou de la rumba. Le dernier trajet de la journée, je remets du gospel. On commence la journée avec Dieu et on la finit avec Dieu ! »
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Des mix achetés quelques centimes d'euros qui ne font pas la fortune des DJ
David Kassano dit changer ses playlists chaque semaine et les acheter pour quelques centimes d’euros auprès de DJ de la capitale. Les habitués des matatus connaissent bien leurs noms. Parmi les plus populaires : DJ Demakufu, de son vrai nom Martin Owaka. Il a commencé il y a plus de dix ans en diffusant ses mix dans les bus. Dans son studio du centre-ville, il raconte ses débuts : « Les deux premiers mix ont eu un succès fou sur une route. Deux, trois mois plus tard, j’ai commencé à entendre mes mix sur de plus en plus d’itinéraires et c’est comme ça que le nom Demakufu est devenu populaire. Un matatu transporte une quarantaine de personnes par trajet. C’est un bon moyen de se faire un nom. »
Pourtant, Demakufu le reconnaît, cette popularité ne se traduit pas toujours par des revenus : « J’ai eu du mal à convertir le nom Demakufu en véritable business. Je me rappelle qu’à l’époque, je peinais à obtenir 25 euros par mois, mais quand je sortais, les gens m’interpellaient, ils pensaient que j’étais riche. » Cette image est fausse, explique-t-il : « Ces personnes pensent que nous gagnons de l’argent avec nos mix. Ce n’est pas le cas. Elles servent à nous faire un nom dans l’espoir d’obtenir des contrats par la suite. Mais le défi est là, réussir à en tirer profit financièrement. » Aujourd’hui, Demakufu a un contrat régulier dans une radio de divertissement kényane. Il a aussi lancé sa propre académie de DJ. Dans le but, dit-il, d’assurer la relève.
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