Reportage Afrique

Côte d'Ivoire: les alternatives testées par les parents pour réduire leur temps d'écran [2/2]

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Second épisode de notre série sur les jeunes et les smartphones en Côte d’Ivoire. Nous parlions dans le premier volet de la dépendance aux écrans des adolescents. On s’intéresse aujourd’hui aux parents. Quelles consignes leur donnent-ils ? Trouvent-ils des astuces ou des alternatives pour réduire l’addiction aux tablettes et aux smartphones de leurs enfants ? Reportage dans le quartier Blockauss, dans la commune de Cocody, à Abidjan.

Des méthodes pour limiter le temps passé sur les écrans s'avèrent souvent efficaces.
Des méthodes pour limiter le temps passé sur les écrans s'avèrent souvent efficaces. © Jérôme Gence
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À la maison, Jean-Michel fait tout pour distraire ses enfants. Les plus jeunes ont le droit de manipuler des tablettes éducatives. « Ce sont des petites tablettes où nous téléchargeons divers jeux de société, c'est plus pour se divertir », explique le père de famille installé à Cocody, en Côte d'Ivoire.

Et ici, pas de smartphone pour les ados. Jean-Michel a opté pour l'ancêtre du téléphone portable, dont la seule fonction se limite aux messages et aux appels. « Ici, le contrôle parental sur internet n'est pas facile, déplore Jean-Michel. Il y a un téléphone de la maison qu'on peut utiliser pour appeler une grande personne en cas de besoin. Il n'y a qu'un seul numéro, le numéro du répertoire de la famille, c'est-à-dire la personne qu'ils doivent appeler. Ce n'est pas un smartphone, c'est un téléphone basique qui permet juste d'appeler. Ce n'est pas méchant, c'est juste que, s'ils ont un souci, ils peuvent appeler quelqu'un. » 

« Il faut avoir l'âge »

Gérer les smartphones offerts à leurs enfants est une préoccupation. Le débat s'impose de temps à autre lorsque Jean-Michel retrouve ses amis au maquis, la nuit. Parmi eux, Odette est partisane de la rigueur la plus stricte. Tout est une question d'âge, dit-elle : « Il faut avoir l'âge. Si un enfant a un téléphone à partir de 14 ou 15 ans, ça ne me pose pas de problème. Tu ne peux pas offrir un téléphone à ton enfant à partir de 7 ans. Tu l'amènes à la débauche. Souvent, il y a des fesses, du porno, ou encore des trucs de marabouts. L'enfant va se demander : "Mais là, qu'est-ce que c'est ?" »

Inculquer et informer avant de donner 

Au-delà de l'âge, c'est aussi la question du mode d'emploi des outils numériques qui est posée, selon Fréjus Zamblé, un coach parental, qui accompagne et conseille plusieurs dizaines de parents : « Le meilleur mode d'emploi, c'est inculquer et informer avant de donner. Une fois qu'on renseigne un enfant au fur et à mesure, on peut être sûr que c'est bon, on peut lui donner le téléphone, mais avec un contrat ! Tu dois étudier, tu n'étudies pas avec ton téléphone. Tu ne dors pas avec ton téléphone. Tu ne manges pas avec ton téléphone. Quand l'heure d'étude arrive, on dépose dans ce que j'appelle "Le panier à téléphone", et les parents et les enfants déposent leurs téléphones quand ils sont à table. »

Pour ce professionnel, l'éducation au numérique est aujourd'hui indispensable, mais elle s'adresse, avant tout, aux parents eux-mêmes, déjà absorbés par ces nouvelles technologies.

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