Reportage culture

Au Festival de Cannes, des réalisateurs africains avec un autre regard sur le monde

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Banel et Adama, de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, Les filles d'Olfa, de la Tunisienne Kaouther Ben Hania ou Goodbye Julia, du Soudanais Mohamed Kordofani, ce sont tous des portraits de femmes. Des femmes de toutes origines et de tous les pays qui brisent les codes ou rêvent d'émancipation, mais il y a aussi des hommes qui s'interrogent sur le patriarcat. Ces thèmes sont récurrents dans de nombreux films au Festival de Cannes. Sans doute le reflet de l'onde de choc post-#Metoo, mais aussi l'arrivée de femmes réalisatrices qui portent un autre regard sur le monde.

Scène tirée de «Banel & Adama», de Ramata-Toulaye Sy.
Scène tirée de «Banel & Adama», de Ramata-Toulaye Sy. © La chauve-souris / Take Shelter
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De notre envoyée spéciale à Cannes,

Des portraits de femmes de toutes origines et de tous les pays qui brisent les codes ou rêvent d'émancipation, des hommes qui s'interrogent sur le patriarcat. Le thème est récurrent dans de nombreux films au Festival de Cannes

La réalisatrice sénégalaise Ramata-Toulaye Sy a foulé le tapis rouge samedi 20 mai avec Banel et Adama, son premier long métrage. Une histoire d'amour fusionnel dans un village isolé du nord du Sénégal et un beau portrait de femmes dont le désir de vivre une vie autonome se heurte aux traditions ancestrales. Un film tourné en langue peule dans le Fouta-Toro, la région sénégalaise dont sont originaires ses parents.

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« L’ancien monde se meurt et le nouveau tarde à venir » 

Quelques heures auparavant, c'est Kaouther Ben Hania qui présentait Les filles d'Olfa. Le film mêle fiction et documentaire, l'adaptation d'un fait divers qui défraya la chronique en Tunisie, en 2016. La radicalisation de deux sœurs adolescentes partie rejoindre l'organisation État islamique en Libye où elles ont été arrêtées et incarcérées. 

La réalisatrice a retrouvé la mère de ces deux jeunes femmes, Olfa, ainsi que ses deux filles cadettes. Elles retracent leur vie, racontent l'héritage de la violence en faisant appel à des actrices pour incarner les scènes les plus éprouvantes. 

« L'ancien monde se meurt et le nouveau monde tarde à venir. Et dans ce clair-obscur apparaissent les monstres », explique la réalisatrice Kaouther Ben Hania. « La Tunisie, c'est un peu ça. Quand on parle des filles d'Olfa, elles étaient “dévorées par le loup, par le monstre”, comme je le dis dans le film. Ce sont ces monstres-là en fait qui apparaissent dans le clair-obscur. » 

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Travail sur soi 

Un très beau premier film soudanais également dans la section Un certain regard, Goodbye Julia, de Mohamed Kordofani. À la veille de la division du Soudan, une histoire d'amitié entre deux femmes que tout pourrait opposer. Pour le réalisateur, c'est le référendum sur l'indépendance du Soudan du Sud en 2011, qui a été le déclencheur du film. 

« C'est un moment qui m'a fait réfléchir. Il n'y a pas d'issue quand une nation décide de se séparer », relate Mohamed Kordofani. « C'était clair qu'il y avait du racisme entre le Nord et le Sud. Le Soudan souffre du tribalisme, du racisme. Moi-même, j'ai hérité de ce racisme. Je n'en avais même pas conscience, mais j'ai travaillé sur moi-même. C'est le chemin que fait un de mes personnages, de mon film. La société souffre aussi d'un héritage de masculinité et de patriarcat sur lesquels nous devons travailler. » 

Changer les regards, un mouvement de fond, reflet de l'onde de choc post-#MeToo

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