Liban la culture malgré tout: Beit Beyrouth, l'héritage d'un passé douloureux pour ne pas oublier
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Le Liban commémore cette année 50 ans du début de la guerre civile. Mais une guerre en chasse une autre dans ce petit pays de 4 millions d'habitants qui compte presque autant de Libanais que de réfugiés syriens et palestiniens. Et malgré toutes ces catastrophes, la créativité libanaise est à son apogée. Beyrouth fourmille d'expositions, pièces de théâtre, festivals de toutes sortes, cinéma, musique et le public est au rendez-vous. On vous propose de vous emmener dans cette vitalité tous les dimanches de ce mois d'août. Liban : la culture malgré tout. Nous visitons Beit Beyrouth ou la maison de Beyrouth, c'est le nom donné à un immeuble, l'un des rares vestiges de la guerre civile, conservée comme un lieu de mémoire.

« À l'entrée du bâtiment, il n'y a pas de plafond, c'est assez exceptionnel. Cela a été voulu par l'architecte. Toutes les salles de Beit Beyrouth de l'immeuble Barakat sont liées à la ville, ce qui a permis aux snipers, entre autres, d'avoir une vue à 180° de la rue. »
Delphine Abi-Rached, coordinatrice de l'exposition à Beit Beyrouth intitulé aussi la maison jaune qui se situe au cœur vibrant de la ville. D'un côté la rue de Damas qui borde Beyrouth ouest et les quartiers musulmans. De l'autre, la rue du Liban qui nous emmène au cœur d'Ashrafieh, le quartier chrétien bourgeois. Une position stratégique donc occupée par les francs-tireurs durant la guerre civile. L'immeuble est ouvert au public aujourd'hui après une longue lutte menée par la militante Mona Hallak pour le sauvegarder et en faire un lieu de mémoire. Youssef Haidar architecte l'a consolidé.
« Je n'ai jamais considéré ce bâtiment-là comme un bâtiment. J'ai toujours considéré comme un être vivant. Pour moi, c'est un Libanais, c'est une personne qui a 90 ans d'âge. Et pour moi, il n'était pas du tout question de faire un lifting. C'est que d'un coup, on efface toutes les traces du temps et de la mémoire et que ça devienne une jeune personne. Non, c'est une vieille personne et qui garde dans son corps tous les stigmates du temps et de la guerre, toutes ses blessures qui étaient là. »
L'exposition qui revisite la guerre civile
À présent, Beit Beyrouth invite le visiteur à s'immerger dans le passé pour ne pas recommencer les mêmes erreurs ou simplement évacuer les traumatismes.
« Donc ici vous allez vous apercevoir donc un mur qui a été construit par les snipers, un mur de brique et on aperçoit trois meurtrières. Et donc l'expérience des visiteurs, c'est de se mettre à la place des snipers et de voir les passants passer », explique Delphine Abi-Rached.
Et malheureusement au Liban une guerre en chasse une autre. L'exposition qui revisite la guerre civile dans Beit Beyrouth se termine par un volet sur la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah en octobre dernier.
« Ici, on a le symbole de la clé qui est souvent en fait lié aux Palestiniens et à cette idée du droit du retour, de retourner dans leur maison. Les libanais du Sud et de la Bekaa cette fois-ci, quand ils sont partis de chez eux, ils ne savaient pas s'ils allaient pouvoir revenir. Donc le symbole de la clé a été très fort. Et ici, les clés qu'on voit, ce sont des clés de maison qui ont été démolies et détruites par les attaques israéliennes », raconte la coordinatrice de l'exposition.
« Le lieu est ouvert comme un lieu public »
Beit Beyrouth est aussi un lieu qui se veut vivant et non pas juste tourné vers le passé. « Ça, c'est un bon exemple de ce qu'on veut pour Beit Beyrouth. C'est un groupe de personnes qui trouve Beit Beyrouth maintenant comme un lieu de rassemblement parce que le lieu est ouvert comme un lieu public », souligne Delphine Abi-Rached.
Ainsi, durant notre visite, un groupe de personnes constitué en association pour la paix s'était réuni. « Nous sommes un groupe de personnes qui travaillons sur la paix au Liban. Car après toutes les destructions et les drames que nous avons vécus, nous nous demandons quels changements nous pouvons apporter pour être plus constructifs », explique Soha Fleifel.
Beit Beyrouth un lieu cathartique et citoyen unique au Liban, accueille le public gratuitement.
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