Quand l'épidémie de Covid-19 affecte le secteur de la santé mentale
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L’épidémie de Covid-19 et les restrictions sanitaires qui l’accompagnent commencent à affecter les ressources psychologiques des français. Les services de psychiatrie sont particulièrement sollicités depuis quelques semaines. La crise sanitaire et le confinement ont des conséquences sur les patients atteints de maladies psychiques, mais également sur les personnes âgées, les jeunes et les professionnels les plus touchés par la crise. Reportage dans le centre médico-psychologique de Montreuil.

La salle d’attente est étrangement vide. Seule une dame, menton rentré et regard perdu, marmonne en continu, en plein épisode de délire. Elle sera hospitalisée. Puis viendra une jeune femme aux yeux vert prairie mis en valeur entre son bonnet et son masque en tissu foncé.
C’est la deuxième fois qu’elle vient consulter au centre médico-psychologique de Montreuil. « Je me suis séparée de mon conjoint pendant le confinement. Du fait de cette situation de crise, de la séparation, mais aussi de tous les traumatismes que le confinement a pu causer, la peur de la pandémie… », explique-t-elle. Parmi les symptômes ressentis, elle évoque « cette espèce de masse intérieure qui pousse les murs du corps qui amène à craquer quelque chose qu’on a solidifié sur nous. Quelque chose de totalement faux en fait… » Elle repartira du centre avec une ordonnance de médicaments délivrés pour un mois.
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Un « nouveau » public
La psychiatre Eugenia Mascarenhas porte des chaussures de montagne, utiles pour arpenter le terrain aride de la psychiatrie, la chef de pôle à Ville-Evrard explique que psychiatres et infirmiers accueillent un public qu’il n’avait pas l’habitude de recevoir. « Ce qu’on voit beaucoup, c’est cette augmentation des gens en situation de conflits intrafamiliaux parce qu’ils ont été confinés et les conflits éclatent, beaucoup de personnes qui se sont retrouvées au chômage, beaucoup de gens qui sont en situation d’extrêmes difficultés sociales qui se retrouvent à la rue. »
Déprime, désarroi, colère.... Selon une étude, à cause du Covid-19 et des restrictions qui lui sont liées, 20 % des Français commencent à basculer dans la psychiatrie. À cela s’ajoute le suivi des personnes qui souffrent de troubles psychiatriques. « Les personnes qui étaient plus ou moins stabilisées qui arrivaient avec la vie, le travail, les activités parvenaient à se soutenir et se maintenir dans un fonctionnement. Le Covid-19 a mis à mal ce fonctionnement et ils décompensent », explique la psychiatre Ines Maalej.
Un secteur déjà en crise
La crise sanitaire vient affaiblir le secteur de la psychiatrie, déjà en grande souffrance. « On a plusieurs patients qui restent aux urgences en attendant une place dans un hôpital psychiatrique », constate Eugenia Mascarenhas. « Nos hôpitaux psychiatriques sont presque désertés au niveau médical. Les conditions de travail sont devenues tellement dures que même ceux qui sont très investis et très dévoués ont beaucoup de mal à faire leur fonction. Rajouter à cela une crise sanitaire qui fait flamber les pathologies psychiatriques ne fait qu’aggraver la situation », déplore Ines Maalej.
Alors tout d’un coup, l’idée nous vient de nous pencher sur la souffrance psychologique des soignants.
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