La classe dehors, quand la pédagogie passe par la nature
Publié le :
À l’occasion des Rencontres internationales de la classe dehors, qui se tiendront à Poitiers du 31 mai au 4 juin, Laurence Théault a accompagné les enfants de la maternelle Dunois à Paris, dans le XIIIe arrondissement, pour leur classe en plein air. L'équipe éducative y tient beaucoup, les petits élèves enfilent les bottes pour une classe dehors une demi-journée par semaine.

Aujourd'hui, les crayons sont des bouts de bois, les feuilles de papier celles des arbres et un grand ciel bleu remplacent le tableau. Car en ce mercredi matin, les enfants de la maternelle Dunois font classe sur la pelouse du parc, mais attention, c'est un jour d'école et il y a des règles à respecter.
« Est-ce que vous vous rappelez quelles sont les limites de la classe dehors ? Où est-ce qu'on a le droit d’aller ? », interroge Fanny Burger, institutrice. « On est obligé de rester sur la pelouse », répond un petit élève. « Et la règle, très, très importante, qu'on a oublié de dire ? », demande à nouveau l'institutrice. « Interdit de manger les choses qu’on trouve », répond à nouveau l'enfant.
Fanny Burger donne à chacun des élèves une boîte. Un premier exercice consiste à fabriquer des lettres comme le A, le B ou le F avec des éléments glanés sur l'herbe afin de réaliser un abécédaire.
Les sens en éveil
« Qu'est-ce qu'on va pouvoir trouver pour faire nos lettres, par exemple, Adèle ? », demande l'institutrice. Ce à quoi l'élève répond : « Des feuilles et des bâtons. » « Très bien, qu'est-ce qu'on peut trouver d'autre ? », demande à nouveau Fanny Burger. Un autre enfant répond : « On n'a pas le droit d'arracher des fleurs parce qu'en fait, c'est des êtres vivants. » « Si on arrache les fleurs, les abeilles ne pourraient plus butiner », poursuit sa petite camarade.
Au grand air, l'enfant regarde, touche, écoute, sent. Tous les sens sont en éveil et parce qu'il est en mouvement, il comprend. « C'est vraiment apprendre sans avoir l'air de travailler. Ils apprennent énormément et je trouve aussi, même pour la concentration... Souvent des élèves, on peut observer en classe, pour qui c'est difficile de se concentrer sur une tâche pendant longtemps, [quand ils sont] en classe, en fait quand ils sont dehors, pas du tout », analyse l'institutrice.
Bottes au pied, deux fillettes montrent fièrement la boîte où elles ont mélangé leur butin. « Une autre chose que j'ai observée, c'est la coopération entre les enfants », ajoute Fanny Burger. « Là, par exemple, toutes les deux, elles ont décidé de partager ce qu'elles ont trouvé. Il y a beaucoup moins de conflits. »
« La classe dehors, c'est la vie »
Les petites mains pétrissent la terre, l'atelier consiste à confectionner des petites boules avec des graines de fleurs. « Je vais prendre de l'argile pour faire une boule et que ce soit noir, noir, noir. On dirait de la pâte à modeler », indiquent deux élèves assidus.
Hugo, parent d'élève, accompagne la petite troupe dans toutes les sorties. Et gare à ceux qui disent que la classe dehors est du temps perdu. « Je leur réponds que non, la classe dehors, c'est la vie », assure Hugo. « On habite dans un quartier qui est très bétonné en plus, hein, avec de très grandes tours. C'est la vie. La vie, c'est ça, c'est là, dehors. C'est de voir le ciel, c'est de voir les arbres, c'est de voir les enfants sourire, courir, découvrir », martèle-t-il.
Au moment de partir, un petit élève traine un peu les pieds. Il a fait une sacrée découverte, il s'agit d'une brindille cassée en deux et gorgée d'eau. Dehors, pétales, cailloux, plumes ou brindilles deviennent manuels scolaires.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne