Législatives en France: le Rassemblement national ne convainc pas tous les patrons

À moins de dix jours des élections législatives en France, les responsables des partis politiques ont présenté ce jeudi 20 juin leur programme économique aux patrons. L’un d’eux était particulièrement attendu : celui du parti arrivé en tête aux élections européennes, le Rassemblement national.

(deuxième à gauche) : Jordan Bardellan, le président du Rassemblement national visite Eurosatory, le salon de la défense et de la sécurité à Villepinte, le 19 juin 2024. AP - Michel Euler

Il reçoit au siège de sa société, à Monterault, en région parisienne. Dominique Lioret est entrepreneur dans le médical et électeur Rassemblement national : « 30 juin, 7 juillet, c’est Bardella, c’est clair. » Une proposition du RN séduit ce chef d’entreprise qui compte un salarié : l’exonération de cotisations sociales en cas d’augmentation des salaires de 10%. « Si vous donnez 1 000 euros à quelqu’un, ça vous coûte plus du double. Aujourd’hui, le Rassemblement national veut favoriser les augmentations des salaires et ça, c’est une bonne chose. La baisse de la TVA est importante aussi. »

Mais toutes ces promesses ont un coût. Baisser la TVA sur l’énergie coûterait par exemple d’après le RN jusqu’à 12 milliards d’euros. Ce jeudi, les syndicats de patrons ont donc demandé aux partis de clarifier leur feuille de route pour l’économie. Et le président du Medef Patrick Martin émet des doutes sur le programme du Rassemblement national.

« Le même Jordan Bardella nous dit : "Il faut augmenter la capacité de production". Et en même temps, il nous dit : "Il faut remettre en cause la réforme des retraites". Et même s'il ne s'est pas de nouveau répandu sur ce sujet, on le sait, il veut remettre en cause la réforme de l'assurance chômage. La finalité de ces deux réformes est destinée à accroître la capacité de production du pays. Voilà une incohérence et il demeure beaucoup d’incertitudes », critique Patrick Martin.

Et l'immigration 

Une autre ligne directrice demeure, elle, en revanche bien claire dans le programme du RN : freiner l’immigration en France. Dans la cuisine de ce bistrot parisien, Alain Fontaine et à la tête d’une PME de 26 salariés. Cinq d’entre eux sont, comme il dit, issus de l’immigration.

« Moussy est d’origine malienne et il est apprenti chez moi et on va l’embaucher à partir du 4 juillet », assure le chef d’entreprise. « La réalité, c’est que si vous voulez maintenir un niveau de production, il faut faire appel à l’immigration régulière, fait valoir le restaurateur. Je prends position pour une politique qui permette aux entreprises de continuer à se développer. Les Français sont prêts à signer pour un nouvel avenir, mais ils ont peur. Et cette peur-là, les chefs d’entreprise, nous l’avons aussi parce que, c’est inquiétant. »

À l’image de la société française, les promesses du Rassemblement national séduisent les entrepreneurs. D’après un sondage Ifop pour le JDD, 31% des dirigeants d’entreprises pourraient voter pour le RN le 30 juin prochain.