Les coopératives funéraires, une autre idée des funérailles
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À l'opposé des pratiques de certaines entreprises de pompes funèbres où la rentabilité semble prime sur l'accompagnement des familles, les coopératives funéraires misent sur le social et l'éthique pour permettre aux familles de se réapproprier le moment des obsèques. Il en existe une dizaine en France, comme ici à Rennes. Reportage.

De sa maman Odette, Natalie garde en mémoire le souvenir d’une femme rêveuse et engagée. « Il n’y a pas si longtemps, elle me disait : "Je ne comprends pas, les gens dans la rue passent à côté d’un chant d’oiseaux ou d’un très beau coucher de soleil, mais personne ne s’arrête, personne ne regarde." Elle pouvait s'émerveiller pour ce genre de choses et elle était très fâchée contre le manque d'attention à l'égard de l’environnement », se remémore-t-elle.
Lorsque Odette décède en août dernier, Natalie se tourne vers une coopérative funéraire plutôt que vers les pompes funèbres, toujours marquée par l’inhumation de sa belle-mère. « On n'avait pas du tout eu le temps de préparer la cérémonie. C’était un au revoir raté et cela m’avait traumatisée », regrette-t-elle.

À la coopérative funéraire, on lui propose une inhumation à l’image d’Odette et conforme à ses volontés : des obsèques en pleine nature, dans une petite ferme, de la musique et un cercueil personnalisé. « C’est un cercueil sur lequel nous avons peint. J’ai trouvé ça chouette, car ça a réuni les enfants, les petits-enfants, les arrière-petits-enfants. On s’est tous retrouvés dans le jardin et on a fait une après-midi peinture », raconte Natalie. Des arbres, des vagues et un petit bateau colorent le cercueil d’Odette. « Ce sont des couleurs très douces. J’ai l’impression que nous n’aurions pas pu faire mieux ».
Le social plutôt que le commercial
À la coopérative funéraire de Rennes, ni tombes, ni cercueils, mais un piano, une guitare et un petit salon chaleureux où l’on prend le temps avec les familles endeuillées et parfois en manque de repères. « L’objectif des coopératives, c’est de faire en sorte que les familles fassent des choix éclairés, explique Isabelle Georges, qui a fondé l’antenne rennaise. On prend le temps d’expliquer ce que dit la loi. Il y a toujours deux rencontres avec les familles. Une première sur les aspects logistiques et formels et une seconde sur la préparation des rituels. »

Ici, ce sont les familles qui ont le dernier mot et le libre choix d’organiser les obsèques qu’elles souhaitent. Si tout cela se fait sans précipitation, c’est en bonne partie en raison du modèle économique de ces entreprises. Elles appartiennent à leurs sociétaires. Les profits ne sont pas générés pour satisfaire quelques actionnaires. Ils sont au contraire réinvestis – en partie ou intégralement – dans l’entreprise.
Miser sur le social plutôt que le commercial, c’est la bonne formule pour des obsèques apaisées, explique Natalie : « Ça m'a vraiment permis de faire mon deuil de façon plus sereine, d’accompagner ma mère jusqu’au bout. J’ai ressenti de la fierté à réussir ce moment. » Un moment que Natalie dit s’être totalement réapproprié.
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