Thaïlande: la reprise des manifestations pro-démocratie
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En Thaïlande, après une trêve de près d'un an, à cause des restrictions sanitaires, le mouvement pro-démocratie reprend de plus belle. Excédés par la gestion jugée désastreuse de la crise sanitaire et par la crise économique qui a précipité des millions de Thaïlandais dans la pauvreté, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter le départ du gouvernement.

De notre correspondante à Bangkok,
Des files de voitures de toutes catégories, camionnettes pick-up, voitures cossues ou essaim de petites mobylettes. Pendant cette manifestation spéciale véhicule, les habitants des quartiers nord de Bangkok sont venus dire leur ras-le-bol au gouvernement en place.
Ras-le-bol d’attendre des vaccins qui ne sont pas arrivés à temps pour épargner les plus fragiles, ras-le-bol des restrictions décidées de façon hasardeuse. Au cours des derniers mois, des millions de Thaïlandais des classes moyennes ont basculé dans la pauvreté, sans aucune aide gouvernementale.
Num explique que le désespoir s’est transformé en colère. Ce jeune manifestant est habillé tout en noir pour signaler qu’il fait partie des gardes, des volontaires chargés d’encadrer les manifestations, souvent accusés par la presse thaïlandaise de provoquer les affrontements avec la police.
On a vu les hésitations du gouvernement pour ouvrir ou fermer le pays, mais pour eux manifestement, l’urgence de la situation économique, ce n’est pas leur problème. Les directives ne sont pas claires pour les petits commerces, est-ce qu’on est autorisés à ouvrir ou pas ? Pour vendre quoi ? Certains qui ont les bonnes connexions en profitent. C’est pour ça qu’on est tous sortis aujourd’hui, riches et pauvres, pour dire qu’on en a marre, que ce gouvernement de militaires doit partir.
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Un mouvement qui semble rassembler davantage
Déjà, l’année dernière, le mouvement pro-démocratie avait rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues du pays, mais les manifestations avaient dû s’arrêter à cause des restrictions anti-Covid. Depuis quelques semaines, la contestation a repris le dessus et cette fois-ci, les leaders étudiants dont la plupart ont déjà fait de longs séjours en prison pour leur engagement politique se font plus discrets.
Le mouvement semble rassembler plus large, comme nous l’explique Piyarat Jonfthep, l’un des leaders des volontaires.
Cette fois, ce n’est plus seulement “la nouvelle génération”, ce ne sont plus seulement les jeunes, les étudiants, les lycéens. Il y a des gens de partout. On voit de plus en plus nos oncles et tantes des “chemises rouges” revenir dans les cortèges et des leaders de longue date du mouvement prodémocratie. Cela donne beaucoup d’espoir, vraiment, de voir tous ces groupes si différents, réunis...
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L’espoir d’une alliance entre la ville et la campagne
Beaucoup d’espoir en effet suscité par la présence de plus en plus marquée des chemises rouges, des paysans riziculteurs du nord-est, dont le mouvement de protestation avait paralysé Bangkok en 2010, avant d’être écrasés dans le sang.
Jusqu’ici, les mouvements sociaux thaïlandais ont toujours échoué à réaliser le rêve d’une alliance entre la ville et la campagne, condition clé du succès d’un changement de régime. Mais l’ampleur de la crise économique pourrait bien créer un rapprochement entre nouveaux pauvres urbains et paysans laissés pour compte.
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