Inde: l’Uttar Pradesh entre enthousiasme et anxiété
Publié le :
En Inde, le parti nationaliste hindou BJP fêtait hier sa large victoire lors des élections régionales, notamment dans l’État-clé de l’Uttar Pradesh. Les partisans de Narendra Modi y voient un plébiscite du Premier ministre. D’autres citoyens redoutent eux que cette victoire soit un chèque en blanc pour les extrémistes religieux en Inde. Reportage dans la capitale de l’Uttar Pradesh, Lucknow.

De notre correspondant à Lucknow,
Ils voulaient 250 sièges, ils en obtiennent 270. C’est un peu moins que lors des précédentes élections, mais c’est une victoire nette pour les nationalistes hindous dans l’Uttar Pradesh. Satendra Singh, un volontaire rencontré dans le QG du parti BJP de la capitale Lucknow, jubile de ce résultat historique.
« Ces élections étaient considérées comme des demi-finales avant l’élection finale du Premier ministre en 2024. Et vu comme on les a remportées, la finale s’annonce bien engagée. Le peuple a plébiscité le BJP et va continuer à le faire. Le BJP va gagner non seulement en 2024, mais aussi lors des prochaines élections régionales de 2027 ! »
Des électeurs séduits par une promesse de développement
La terrible seconde vague en Inde, la crise économique et le chômage qui en découlent, ainsi que la gronde des fermiers laissaient à penser que le parti de Narendra Modi pourrait être sanctionné lors de ces élections régionales. Mais il conserve le pouvoir dans l’Uttar Pradesh ainsi que dans l’Uttarakhand, à Goa et à Manipur. Pour Ambika Prasad Tiwari, professeur d’économie et commentateur politique à Lucknow, les électeurs ont validé un modèle de développement.
« Le BJP, c’est la promesse d’une bonne gouvernance, de la sécurité, mais aussi du développement. En particulier du développement des villes qui ont une importance religieuse. Ayodhya, Varanasi ont vu leurs routes, leurs aéroports, leurs hôpitaux s’améliorer. Et les investisseurs privés se précipitent dans ces villes ! »
La peur d'une aggravation des violences contre les musulmans
Durant cette campagne, l’opposition a tenté de dénoncer la privatisation des services publics, la hausse du coût de la vie mais aussi la stigmatisation des minorités religieuses. En vain. Abdul Ansari, 29 ans, partisan du parti du Congrès, le grand perdant de ces élections, redoute que les violences contre les musulmans augmentent lors des cinq ans à venir dans l’Uttar Pradesh.
« Des musulmans ont été tués par des extrémistes hindous au motif qu’ils étaient responsables du Covid-19. D’autres ont été tabassés parce qu’ils tentaient soi-disant de convertir les femmes hindoues. Et le pire, c’est que la police ne fait rien contre eux ! La prochaine étape est désormais de faire de l’Inde une nation hindoue. Ils aimeraient supprimer le droit de vote et le droit d’exercer le pouvoir aux autres religions. »
Au BJP, on répète que toutes les religions sont les bienvenues. Mais le ministre en chef de l’Uttar Pradesh, le moine hindou Yogi Adityanath, n'hésite pas à affirmer que les musulmans « n’ont pas fait un cadeau à l'Inde en restant après la partition avec le Pakistan ». Vu sa réélection triomphale, il s’impose comme une figure incontournable pour le BJP et un possible successeur de Narendra Modi. Dans le quartier musulman de Lucknow, la peur s’est installée ce vendredi.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne