Reportage international

En Hongrie, les campagnes restent un bastion de Viktor Orban

Publié le :

Les Hongrois votent ce dimanche 3 avril pour des élections législatives cruciales. Face à l'alliance historique conclue il y a six mois par les principaux partis d'opposition, le Premier ministre conservateur Viktor Orban, au pouvoir depuis 12 ans, peut compter sur le soutien des médias publics totalement acquis à sa cause, mais aussi de sa base électorale, en particulier celle qui se trouve dans les zones rurales du pays. Reportage dans la région de Fejér, dans le centre du pays.

Campagne d'affichage du parti au pouvoir pour discréditer Peter Marki-Zai, le chef de file de l'opposition hongroise.
Campagne d'affichage du parti au pouvoir pour discréditer Peter Marki-Zai, le chef de file de l'opposition hongroise. © RFI/Balázs András
Publicité

De notre envoyé spécial,

Nous sommes à une centaine de kilomètres à l’ouest de Budapest, dans l’une de ces régions rurales où l’on vote massivement pour le parti au pouvoir. Pour la gérante de cette petite épicerie, la question ne se pose même pas : ce dimanche, c’est pour Viktor Orban qu’elle ira voter. « Je pense que c’est un bon dirigeant… Il travaille dur pour la nation… Et il essaie toujours défendre les intérêts du pays. »

À la sortie de la boutique, nous rencontrons Brigit qui votera aussi pour le parti au pouvoir. Malgré la flambée des prix et un pouvoir d’achat qui, d’après elle, n’a cessé de baisser. « J’ai acheté des légumes et du pain, mais tout est devenu beaucoup trop cher. Ça nous inquiète parce que nous avons trois enfants et il faut subvenir à leurs besoins ! »

Soutien à la famille et à l'emploi

Avec ses trois enfants, Brigit a bénéficié pleinement du programme de soutien aux familles mis en place par le gouvernement hongrois. Cette politique familiale censée encourager la natalité explique une partie du soutien dont continue de bénéficier dans les campagnes le parti au pouvoir. « Nous payons moins d’impôts et nous avons reçu de l’argent à chaque naissance. Ce programme est très bien, ça nous aide vraiment. »

Dans les petites localités qui forment le socle électoral du Fidesz, on salue également le programme de « travaux publics » mis en place par Viktor Orban. Des emplois subventionnés, financés par l’État et gérés par les collectivités

« Les femmes distribuent le courrier ou les journaux, les hommes font des travaux plus physiques, ils nettoient les routes par exemple, détaille Péter Fenyves, maire de la petite ville de Mór. Nous les payons entre 400 et 500 euros par mois. Et, bien sûr, si quelqu'un travaille bien, alors on lui donne un emploi permanent dans une administration locale, par exemple. »

Pour les détracteurs du Fidesz et de Viktor Orban, ces emplois ne sont que des postes au rabais qui favorisent le clientélisme.

Une opposition muselée par la peur

Dans les zones rurales, l’opposition existe, mais elle a du mal à faire entendre sa voix. C’est ce que nous a confié Gabor Nagy un militant venu distribuer des tracts à l’entrée d’un petit marché. « Depuis 10 ans, le gouvernement a basé toute sa communication sur la peur : la peur des migrants, la peur de Bruxelles, ou des homosexuels. Et la peur, c'est quelque chose de très puissant Ici, explique Gabor, beaucoup de gens ont peur de dire ce qu’ils pensent. Ils se disent qu'ils vont avoir des problèmes avec la mairie. C’est dingue, mais c'est comme ça ! »

Dans une petite rue, nous rencontrons à l’abri des regards un retraité qui accepte de nous parler et de nous confier ses doutes sur le parti au pouvoir et sur Viktor Orban. Mais il préfère ne pas donner son nom – cela pourrait causer des ennuis. « Non pas pour moi, nous dit-il, mais pour mon fils qui a besoin de trouver un emploi. »

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes