L’Australie applique l’une des politiques migratoires les plus strictes au monde. Pourtant, il existe une parade, du moins pour ceux qui ont les poches bien remplies. Ils peuvent souscrire à un visa qu’on surnomme le « ticket doré », qui requiert d’investir plusieurs millions d’euros en Australie pour l’obtenir. Mais ce Visa pour investisseur conséquent, Significant Investor Visa, c’est son nom officiel, est dans le collimateur du gouvernement travailliste. Car contrairement à ce que laisseraient penser les sommes conséquentes que ces riches aspirants à l’immigration doivent injecter dans l’économie pour s’installer en Australie, ces derniers ont un impact négatif sur les finances publiques.

Avec notre correspondant à Sydney
Une vie paisible et ensoleillée, c’est ce à quoi aspirent certains riches immigrés qui, pour s’installer en Australie, ont opté pour ce qu’on appelle le visa doré. Un titre de séjour permettant d’accéder à la résidence permanente. Et le seul pour lequel le gouvernement australien n’impose pas de limite d’âge, ni même de parler anglais. En revanche, il faut investir en Australie au moins 5 millions de dollars, soit près de trois millions et demi d’euros.
Un apport qui n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais qui contribue à faire prospérer l’Australie. C’est ce que pense Richard Yuan. Il est agent de migration et il a fait de cette clientèle sa spécialité : « Je pense que ces gens, en apportant leur expertise du monde des affaires et du capital, créent des emplois. »
Depuis sa création en 2012, plus de 2 300 personnes ont obtenu ce visa, des Chinois dans 85% des cas. Ils ont injecté plus de 8 milliards d’euros en Australie. Pourtant, le gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en mai dernier, souhaite supprimer ce dispositif. C’est la ministre des Affaires intérieures, Clare O’Neil, qui en a parlé récemment dans une interview accordée à Sky News : « Je ne vois pas quels bénéfices ce visa apporte à notre pays actuellement. Par ailleurs, certains articles de presse ont souligné récemment qu’il posait des problèmes de sécurité. C’est pourquoi, je ne vois pas pourquoi nous devrions conserver ce visa dans notre politique migratoire. »
La ministre faisait référence à un article paru en août, selon lequel plus de 80 hauts dignitaires du régime cambodgien, parmi lesquels le ministre des Finances et un général, ont pu obtenir ce visa doré et s’installer en Australie. Mais les opposants au visa doré notent également que ces immigrés fortunés coûtent plus qu’ils ne rapportent. C’est par exemple l’avis de Brendan Coates, chef économiste du Grattan Institute, qui vient de publier un rapport sur le sujet : « Comme les détenteurs de visas dorés sont plus âgés, moins qualifiés et qu’ils gagnent peu d’argent en Australie, ils coûtent en moyenne 120 000 dollars [80 000 euros] au cours de leur vie aux contribuables australiens, car ils ont un recours élevé à nos services publics, bien supérieur au montant des impôts qu’ils paient. Tandis que pour un immigré qualifié typique génère un solde fiscal positif d’environ 250 000 [170 000 euros] dollars au cours de sa vie. »
C’est donc sans surprise ces immigrés qualifiés, choisis pour leurs compétences professionnelles, mais aussi parce qu’ils sont jeunes et actifs, que le gouvernement souhaite attirer en priorité. Et ce alors qu’il vient d’annoncer qu’il allait relever de plus de 20% les quotas d’immigration, dans l’espoir de résorber la pénurie de main d’œuvre qui frappe actuellement l’Australie.
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