Démographie: bientôt dépassée par l'Inde, la Chine affirme que la taille ne compte pas
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Ils ne sont pas en train de compter les bébés, mais les dernières statistiques des Nations unies ce mercredi 19 avril sont formelles : l’Inde devrait ravir à la Chine, à la mi-2023, donc probablement au mois de juin, le titre de nation la plus peuplée.

De notre correspondant, avec Louise May, du bureau de Pékin
La nouvelle est arrivée avec le retour des beaux jours, des tondeuses, des coiffeurs de haie en gilet orange et des joueurs de pingpong dans les parcs de la capitale chinoise. On ne sait pas exactement quand, mais bientôt l’Inde comptera 3 millions d’habitants de plus que la Chine. Près des tennis de table, cette « Ayi » prend les choses avec philosophie. La nounou espère que le bruit des balles et la danse des raquettes apaisera le nourrisson qu’elle a sur les genoux. « Bien sûr que les jeunes Chinois auront plus de pressions à l’avenir. Mais bon, pour l’instant, j’avoue ne pas penser à cette question de population. J’ai une vie heureuse., le futur, on verra ! »
Garder confiance en l’avenir, comme le martèle le gouvernement chinois qui minimise l’impact de ce changement de statut dans la rivalité sino-indienne. « Ce n’est pas la taille qui compte, mais la qualité de la population », a affirmé sans sourire Wang Wenbin, l’un des porte-parole de la diplomatie chinoise, devant les journalistes cette semaine.
« Lorsqu’on regarde la démographie d'un pays, il faut examiner non seulement sa taille, mais aussi sa qualité. La taille compte, mais ce qui compte le plus c'est le vivier de talents. Près de 900 millions des 1,4 milliard de Chinois sont en âge de travailler et ils ont suivi en moyenne près de onze ans d’études. Pour ceux qui viennent d'entrer sur le marché du travail, c’est même quatorze ans. »
Ils choisissent de ne pas avoir d'enfants
Les deux géants asiatiques représentent à eux seuls plus d’un tiers des 8 milliards de Terriens. Co-fondateur du site Population et avenir, le démographe Huang Whenzhen prend, lui, ce croisement des courbes avec gravité. « Quelle que soit la façon d'aborder le problème, ce rétrécissement rapide de la population chinoise est une mauvaise nouvelle. Car à terme, cela aura un impact négatif sur l'économie, explique-t-il. Bien sûr, il reste un long chemin à parcourir avant que l’Inde ne rattrape la Chine économiquement. Mais nous avons aujourd’hui moitié moins de naissances que les Indiens. Et bientôt, le taux de natalité du Nigeria dépassera celui de la Chine. Le risque, c’est de construire des maisons et des usines que personne n'utilisera à l’avenir. »
Après des années de politique de l’enfant unique, la Chine a changé de braquet et encourage les couples à en faire trois. Trop tard ! Dans le parc, ce vétéran de l’armée se lamente de ne pas avoir de petits enfants. Cela va-t-il changer quelque chose que l’Inde passe devant ? « Aaah, vous savez, Comment vous dire ? Mes deux enfants ont choisi de ne pas avoir d’enfants, c’est comme ça. Ils ont abandonné leur rêve, ils ont perdu leur ambition et ils vivent au jour le jour. Il y a beaucoup de jeunes comme ça aujourd’hui. La vie est devenue trop chère, trop difficile. Je n’ai pas pu les faire changer d’avis », regrette-t-il.
Comment compenser la diminution de la population. Technologies, gains de productivité, investissement dans l’éducation, la force motrice du développement chinois n’a pas disparu, répétait il y a peu le Premier ministre chinois Li Qiang cherchant à rassurer les investisseurs étrangers. Pour l’instant, et pour ne pas inquiéter une population déjà marquée par la hausse du chômage, la robotisation, le recours à la main d’œuvre étrangère n’a pas été évoquée par les autorités.
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