Move Forward, le parti qui reflète l'espoir de la jeunesse thaïlandaise
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En Thaïlande, auront lieu dimanche prochain les élections législatives, après neuf ans de pouvoir de l’armée et des partis pro-militaires. Tout se joue entre le général Prauth Chan o Cha, candidat à sa propre réélection, et l’opposition dite « Rouge », portée par le vote des campagnes rizicoles. Mais la jeunesse thaïlandaise ne se reconnaît ni dans un bloc, ni dans l’autre et préfère voter pour un parti qui promet un avenir différent.

De notre correspondante à Bangkok,
C’est une foule en orange qui s’est rassemblée dans une ville ouvrière de la banlieue de Bangkok. La plupart ont entre 20 et 40 ans. La jeunesse thaïlandaise vient en masse assister aux réunions du parti Move Forward (« Aller de l'avant », en français). Sans avoir un programme social ou économique particulièrement ambitieux, il promet une réforme en profondeur du système éducatif et surtout, ses représentants veulent injecter du sang neuf dans la politique thaïlandaise. Et pour ces jeunes supporters, c’est très important.
« Je pense que si on n’arrive pas résoudre les problèmes de notre pays, des vieux problèmes, c’est parce que ce sont toujours les mêmes personnes au pouvoir. Les mêmes visages, les mêmes noms de famille. Si on vote comme nos parents, nos oncles et tantes, les mêmes problèmes surgiront sans cesse, assure une partisane de Move Forward. Au moins, le parti de la jeunesse, ce sont des gens nouveaux avec des idées nouvelles, des nouvelles méthodes ! Peut-être au moins qu’eux arriveront à résoudre certaines choses. » Move Forward est le seul parti qui ose évoquer une réforme des lois entourant la monarchie, et notamment le crime de lèse-majesté.
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Briser le cycle de corruption
Le parti est aussi le seul à s’attaquer frontalement à l’armée. Les coupes budgétaires et l’arrêt de la conscription sont inscrites à son programme. Pour Hood, le jeune directeur d’une entreprise de logistique à Bangkok, c’est la priorité absolue : « Je pense que le plus important est de réduire le pouvoir des militaires pour qu’ils ne puissent plus prendre le pouvoir par coup d’État quand ça leur chante. En leur coupant les budgets, comme ça, ils auront moins d’argent à distribuer. C’est fondamental pour notre avenir d’attaquer le pouvoir des généraux. Si on vote pour l’opposition traditionnelle, la situation va s’améliorer pendant, allez, deux ans, puis ils reviendront. Le cycle va se répéter. »
Les jeunes leaders du parti promettent de briser le cycle infernal entre dictature militaire et corruption des politiciens professionnels. Thanathorn, le fondateur du parti, pourtant interdit de vie politique par la justice, ose évoquer publiquement la corruption de l’administration thaïlandaise et son coût : « La Thaïlande que nous voulons construire avec vous, c’est une Thaïlande débarrassée de la corruption de son administration. Imaginez tout ce qu’on pourrait faire avec cet argent : avoir des bus publics, qui partiraient à l’heure, propres, accessibles à tous. C’est le moment de commencer à rêver… »
Un programme enthousiasmant pour beaucoup, mais face aux conservateurs qui promettent de protéger les traditions contre l’influence occidentale et les Rouges, qui annoncent une prime de 250 euros à tous les Thaïlandais majeurs, la compétition sera rude.
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