Belgique: phoques et hommes tentent de cohabiter sur les plages d’Ostende
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Ils sont de plus en plus nombreux et visibles sur les côtes du sud, la mer du Nord. Depuis 20 ans, les animaux sont protégés et aucun parasite n'est venu enrayer l'augmentation de la population animale. On peut le voir en Bretagne, dans la baie de Somme ou encore sur les côtes du sud de l'Angleterre, mais aussi en Belgique, où les phoques ont pris l'habitude de venir se reposer sur les plages désertées du littoral belge depuis l'épidémie de Covid. Et maintenant que les touristes et les amateurs de bronzette sont revenus sur le sable, humains et phoques doivent cohabiter, pas toujours facile comme a pu le constater.

À la surface de l'eau, une petite tête grise apparaît et disparaît par intermittence au gré des vagues. Le phoque a clairement envie de venir sur la plage, mais il hésite encore, note Inge De Bruycker, fondatrice de l'organisation bénévole North Seal Team qui surveille les populations de mammifères marins et sensibilise les touristes à leur présence.
« On conseille toujours de ne pas les approcher car ce sont des animaux sauvages, ils ont des maladies. Et lorsque le chien approche l’animal, le phoque ou les chiens peut attaquer. On a déjà eu des petits phoques qui ont été tués par des chiens. Il y a deux ans, il y a eu un chiot qui a été tué par un phoque. Et si les enfants veulent caresser les phoques, on ne les autorise pas non plus. »
Alors les bénévoles ont mis en place un espace protégé par une barrière : 40m2 de sable réservés aux phoques en plein centre d'Ostende où jusque 7 à 8 individus peuvent se prélasser en même temps. « C’était une nécessité » selon Kelleu Moreau, biologiste marin à l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique : « Les phoques ne viennent pas sur les plages sans raison. Ils ont besoin de se reposer avant de retourner en mer et se nourrir. Les touristes ne sont pas habitués à voir l’animal sur la plage ; ils veulent faire des selfies ou parfois même, ils pensent que ces animaux sont en difficulté. Alors, ils veulent les remettre dans l’eau ou même les nourrir. Mais ce n’est pas nécessaire » explique le biologiste.
« Le loup n'est rien comparé à un mâle phoque gris »
Entre 150 et 200 phoques se côtoient sur le littoral et dans les eaux belges. Le phoque commun, mais aussi le phoque gris, un nouveau venu arrivé du Nord. Et à écouter le biologiste, mieux vaut ne pas s'en approcher : « Notamment les grands mâles qui peuvent mesurer jusqu’à 3 mètres de long et peser 350 kilos avec des canines de plusieurs centimètres. C’est un vrai prédateur, le loup ce n’est rien comparé à un grand mâle phoque mâle gris. »
Si la cohabitation avec les touristes – très nombreux sur la plage en ce mois d'août – est parfois difficile, c'est en grande partie à cause de la méconnaissance d'un animal qui jusqu'à très récemment se faisait très discret : « J'ignorais qu'ils pouvaient être violents. C'est une bonne chose cette aire de protection, car il y aura toujours des gens pour ne pas les laisser tranquilles. »
Aujourd'hui, les bénévoles de North Seal Team – reconnaissables à leur gilet orange et à leurs jumelles – sont au nombre de 137 répartis sur les 67 km de côtes belges et mobilisables à chaque arrivée de phoque sur la plage. « Ce n'est pas encore assez, signale Inge De Bruycker. On n’arrive pas encore à intervenir à chaque fois ».
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