Reportage international

Grève dans l'automobile aux États-Unis: dans le Michigan, un soutien «à 100%»

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La grève dans l’industrie automobile aux États-Unis s’étend. Le syndicat du secteur réclame des augmentations salariales de près de 40% sur quatre ans. Les trois grands constructeurs américains – General Motors, Stellantis et Ford – sont touchés. Pour l’instant, les grévistes sont soutenus dans l’opinion et la classe politique.

Les membres de United Auto Workers manifestent à l'usine d'assemblage Ford Michigan à Wayne, le lundi 18 septembre 2023.
Les membres de United Auto Workers manifestent à l'usine d'assemblage Ford Michigan à Wayne, le lundi 18 septembre 2023. AP - Paul Sancya
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De notre envoyé spécial à Détroit,

Devant l’usine d’assemblage Ford de Wayne, près de Detroit, les automobilistes passent en klaxonnant, en signe de soutien devant le piquet de grève. Joe Kendalla est retraité. Mais il est venu manifester, car il a passé plus de 30 ans ici. « C’est ma famille, assure-t-il. Voici un gars avec lequel j’ai travaillé 34 ans de ma vie. Je suis venu montrer mon soutien. J’ai aussi ma femme qui travaille ici, je la soutiens aussi, ainsi que tous les membres du syndicat, quelle que soit l’usine où ils travaillent. Vous savez, je crois au capitalisme. Les gens ont le droit de gagner de l’argent, mais vous ne pouvez pas laisser les gens qui travaillent dans vos usines souffrir. »

À l’entrée, un camion traverse le piquet de grève. Le ton monte un peu. « Nous menons tous le même combat, estime Todd Lince, un responsable local du puissant syndicat des camionneurs. Nous avons été en grève nous-mêmes ici dans le Michigan. Le syndicat des travailleurs de l’automobile nous a soutenus. Alors, nous les soutenons. Nous ne transportons pas de voitures ou de pièces. Là, il y a un camion qui vient de traverser le piquet de grève, c’est un jaune, non syndiqué. Mais nous, les camionneurs syndiqués, nous ne franchissons pas les piquets de grève. Nous ne le ferons pas et nous les soutenons à 100%. »

Le soutien est aussi politique. Joe Biden a déjà demandé un accord gagnant-gagnant entre syndicats et constructeurs et il viendra sur un piquet de grève ce mardi. « Je pense que c’est très bien, apprécie Tiara. J’espère que ça va continuer. J’espère qu’ils verront que nous nous battons vraiment pour une cause, pour des changements. Nous apprécions ça. Nous espérons qu’ils continuent à nous soutenir, tant que nous cherchons à obtenir ce que nous méritons légitimement. »

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« Tenir le coup »

Mais le soutien n’est pas que moral. Pour tenir, le syndicat dédommage en partie ses adhérents grévistes. « Nous avons une aide de grève et nous avons 500 dollars par semaine, indique l'un d'eux, Walter Robinson. C’est un sacrifice important, mais parfois, il faut faire des sacrifices pour obtenir ce que l’on veut. » Cinq cents dollars par semaine, multiplié par près de 18 000 grévistes, cela finit par faire beaucoup d’argent. Mais pour Joe Kendalla, l’organisation a de quoi tenir : « Ça va pour nous. Vous savez, les gens doivent réaliser que nous vivons des moments difficiles et ne pas abandonner. Tenir le coup. »

Avant le début du conflit, le trésor de guerre du syndicat était estimé à plus de 800 millions de dollars. Mais les constructeurs ont aussi des réserves, des milliards de dollars de bénéfices dont les grévistes veulent désormais leur part.

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