L’Inde vote une loi réservant aux femmes 33% des sièges au Parlement
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Le parlement indien a adopté la semaine dernière, à la quasi-unanimité, une loi qui instaure un quota de plus d’un tiers de femmes à la Chambre basse et dans les assemblées régionales. Une réforme constitutionnelle, résultat d’un combat législatif débuté, il y a plus de 20 ans. Cela réjouit les femmes, marginalisées en politique dans ce pays patriarcal, même si la date d’entrée en vigueur de cette réforme n’est pas encore fixée.

De notre correspondant à New Delhi,
Shaguna Kanwar est une jeune femme trentenaire, qui veut changer la société indienne. Et c’est pour cela qu’elle est entrée en politique. Mais dans sa région du nord de l’Inde, comme dans l’essentiel du pays, la politique est surtout une affaire d’hommes : « Pendant la dernière campagne, j’étais la seule femme parmi plus de 300 hommes. Les hommes m’ont dit que c’est parce que les femmes ne peuvent pas suivre le rythme intense et rester tard le soir, quand les hommes boivent de l’alcool. Le rôle des femmes est donc restreint à offrir des fleurs aux leaders ou à servir le thé. »
L’inde est l’une des démocraties les plus inégalitaires pour les femmes en politique : ces dernières ne représentent que 15% des députés de la chambre basse fédérale, et 9% dans les assemblées régionales. Grâce à cette réforme constitutionnelle, ces chiffres devront monter à 33% au minimum. Et ceci réjouit cette jeune politicienne : « Les partis seront maintenant obligés de trouver des bonnes candidates, et pour une femme éduquée et expérimentée comme moi, cela crée de nouvelles opportunités. »
« Quand l'élue est une femme, les barrières tombent »
Un quota similaire est instauré depuis 30 ans dans les conseils de villages et des municipalités indiennes, et cela a brisé certaines barrières imposées par ce patriarcat. C’est le constat de Tara Krishnawamy, co-fondatrice de l’association féministe Political Shakti : « Dans la plupart des campagnes indiennes, il est impossible pour une femme d’aller dans le bureau d’un homme élu pour lui faire part de ses problèmes. Les hommes ne les prennent pas au sérieux et ne les regardent même pas. Mais quand l’élue est une femme, cet obstacle disparait et leurs problèmes sont mieux pris en compte. »
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Un quota qui pourrait être effectif dans… 10 ans
Toutefois, ces femmes devront encore attendre pour bénéficier de ce nouveau quota ! Car il n’entrera en vigueur qu’après la conclusion du recensement de la population et du nouveau découpage électoral. Ce qui peut prendre plus de 10 ans. Un retard incompréhensible pour la députée de l’opposition Mahua Moitra : « Cela fait que nous ne savons pas si, et quand, nous aurons 33% de femmes assises dans la chambre basse. Peut-il y avoir plus grande fraude ? Oubliez les élections de 2024, ce quota ne devrait même pas s’appliquer pour celles de 2029 ! »
Le Premier ministre Narendra Modi, lui, se présente déjà comme l’homme providentiel qui a offert ce quota tant désiré aux femmes. Et espère donc attirer leurs voix lors des législatives du printemps prochain.
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