Des victimes françaises de prêtres pédophiles reçues par le pape François

Le 28 novembre, le souverain pontife a reçu pendant 45 minutes un collectif de victimes de la communauté Saint-Gabriel, et leur a demandé pardon au nom de l'Église catholique. C'est la première fois que le chef de l'Église catholique recevait des victimes françaises. Un tête-à-tête avec le pape François, qui a conforté ces hommes et femmes dans leur lutte pour faire la lumière sur la pédocriminalité dans l'Église.

Le pape François délivre sa bénédiction lors d'une réunion avec les membres du comité d'organisation des Journées mondiales de la jeunesse 2023 au Vatican, le jeudi 30 novembre 2023. (Image d'illustration) © AP - Andrew Medichini

De notre correspondant au Vatican,

Dans ce restaurant situé à deux pas du Vatican, l'humeur est joyeuse. Ils sont 26 à avoir fait le déplacement à Rome, mais leur audience prévue lundi 27 novembre avec le pape a été annulée en raison de l’état grippal du souverain pontife. Une rencontre qui a pu finalement être reprogrammée le jour suivant, à la grande surprise du groupe. Quarante-cinq minutes de rencontre privée en tête-à-tête avec le pape François dans sa résidence, rencontre au cours de laquelle le souverain pontife leur a demandé pardon au nom de l'Église.

« On l'a entendu et on l'a compris, ça sortait de lui. Il y a vraiment quelque chose de très fort. Quand il a dit "je vous demande pardon au nom de l'Église", pour moi, c'était la reconnaissance de victimes au summum, la plus haute reconnaissance qu'on pouvait avoir. Il y a des évêques qui ont fait acte de repentance et de reconnaissance, mais là, dans la bouche du pape, face à nous, dans un endroit comme si on était chez lui, pour la reconnaissance de victimes, il ne peut pas y avoir mieux. C'est historique », explique Marcel Tenailleau, le président d’Ampaseo, l’association pour la mémoire et la prévention des abus sexuels dans l’Église de l’Ouest.

Vers une reconnaissance des crimes pédophiles

Durant les années 1960 et 1970, ces hommes et femmes ont été agressés et violés par des prêtres de la communauté Saint-Gabriel dans des écoles religieuses en Bretagne ou Loire-Atlantique. Pour ce collectif de victimes, parmi lesquelles figurent Ghislaine Magoarou, les mots du pape sont un encouragement dans leur combat pour la justice et la reconnaissance de leurs souffrances. « Moi qui n'ai plus la foi catholique depuis très longtemps, c'est vraiment une très belle reconnaissance, d'avoir le chef suprême de l'Église catholique qui nous demande pardon. Je pense qu'on ne peut pas demander plus belle reconnaissance », témoigne-t-elle.

La particularité de ce groupe de victimes est d’avoir entrepris un chemin de restauration avec la communauté Saint-Gabriel et leurs supérieurs d’aujourd’hui. Ils ont partagé leurs blessures, fondé une association et réussi à retisser des liens de confiance avec les supérieurs d’aujourd’hui. Un cas unique dans l’Église de France.

« On a commencé par l'écoute. La première difficulté, c'était que l'on se fasse confiance. Moi, j'écoutais, et j'ai toujours accepté d'entendre et de croire la personne qui parlait. De toute façon, au bout de peu de temps, quand la personne parle, on sait qu'elle parle vrai », précise le père Claude Marsaud, ancien provincial des Frères de Saint-Gabriel. 

Fort de cette rencontre au Vatican, les victimes des Frères de Saint-Gabriel repartent avec une conviction renforcée : que leur travail pour la reconnaissance des crimes pédophiles est juste et doit se poursuivre. Aujourd’hui, expliquent-ils, si le pape a demandé pardon, il n’y a plus aucune raison que certains hommes d’Église fassent encore obstacle à la parole des victimes.

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