Liban: les hôpitaux anticipent une éventuelle escalade du conflit avec Israël
Publié le :
Transformer Beyrouth en Gaza : c’est la menace formulée à plusieurs reprises par les dirigeants israéliens. Ils exigent l’éloignement du Hezbollah de la zone frontalière. L’armée israélienne et le mouvement libanais s’affrontent à la frontière depuis le 8 octobre 2023. Les survols de drones ou d’avions de chasse israéliens n’épargnent pas le ciel de Beyrouth.Face à la crainte d’une escalade guerrière, le secteur sanitaire au Liban se prépare, avec un plan d’urgence pour les hôpitaux privés et publics, passés en revue par le ministère de la Santé et ses partenaires internationaux.

De notre correspondante à Beyrouth,
Aux urgences de l’hôpital privé Hammoud à Saida, dans le sud du Liban, des infirmiers contrôlent les stocks pharmaceutiques. Une mesure de routine, renforcée, par crainte d’un embrasement au-delà de la frontière.
Docteur Samer Saadé, chef des urgences, explique la raison de cet inventaire : « Nous préparons nos stocks pour six mois, nous préparons tous nos médecins, notre staff, nos salles d’opération. L’équipe a reçu une formation pour faire face à un afflux de blessés, en termes de triage, de patients blessés, pour être prêts à tout moment si nous faisons face à cette situation. »
La crainte du scénario de 2006
Une anticipation faite avec le ministère de la Santé libanais. Dans ses locaux, en banlieue de Beyrouth, la cellule d’urgence, activée en octobre dernier, tient au quotidien un point sur les hôpitaux – besoins, personnel – avec une priorité : autonomiser les structures. « On a peur. On est tout le temps en train de prendre le scénario de 2006... Parce qu'en 2006, Israël a bombardé les ponts, ce qui a isolé les régions. On s'est dit qu'au cas où on ait ce scénario-là, il faut faire attention et assurer ces hôpitaux-là, à tous les points de vue », explique Wahida Ghalayni, infirmière et coordinatrice.
À lire aussiLes Libanais se préparent à une guerre avec Israël dans le calme et la résignation
Cela concerne l’autonomie en eau ou en mazout pour les générateurs électriques. Dans un Liban en crise, les humanitaires apportent leur soutien en formation et en équipement. L’effondrement économique a fragilisé le secteur sanitaire. Une escalade serait un coup de plus. « Ces hôpitaux, depuis les années passés, montrent une certaine résilience malgré tout. Effectivement, ça serait une couche supplémentaire, mais on parle d'une situation où l'intervention de partenaires, d'acteurs, serait nécessaire, indispensable, pour pallier une période où, effectivement, les ressources seraient sans doute utilisées massivement et devraient être remplacées », détaille Laetitia Nemouche, coordinatrice santé du Comité international de la Croix-Rouge au Liban.
Malgré la tension, la résilience
À l’hôpital Hammoud à Saida, prévu pour accueillir les cas les plus critiques au sud, la matinée est normale : à l’entrée, des brancardiers transportent une vielle dame aux urgences. Mais derrière le quotidien, les combats à la frontière sont dans tous les esprits. Depuis peu, le docteur Saadé ressent une certaine tension monter : « Nous commençons à sentir que la situation devient plus dangereuse, nous ne savons pas ce qui va se passer. Nous voyons de nombreux patients en panique, nous voyons comment ils se préparent à l’éventualité d’une guerre ou d’une situation critique. »
Malgré la détérioration économique, Wahida Ghalayni, à la cellule de crise, en est persuadée : les infirmiers et médecins répondront présents en cas de guerre massive. Certains d’entre eux se sont déjà engagés à intervenir à l’échelle de leur quartier.
À écouter aussiLiban: comment soigner en urgence dans un pays en crise?
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne