Reportage international

Élections au Bangladesh: un scrutin qui s'annonce sans surprise dans un climat de répression

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Les électeurs du Bangladesh renouvellent leur Parlement dimanche 7 janvier. Un scrutin sans suspense, car le principal parti d’opposition boycotte cette élection, après que des milliers de ses partisans ont été arrêtés. La Première ministre Sheikh Hasina s’apprête donc à remporter un 4e mandat consécutif, dans un environnement de répression de plus en plus inquiétant. 

Une affiche électorale en faveur de la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina, le 3 janvier 2024 à Dacca.
Une affiche électorale en faveur de la Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina, le 3 janvier 2024 à Dacca. © Mohammad Ponir Hossain / REUTERS
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De notre envoyé spécial à Dacca,

Le 28 octobre dernier, le principal parti d’opposition du Bangladesh Nationalist Party a organisé une manifestation géante à Dacca. Mais celle-ci a vite dégénéré en violences, raconte Rumeen Farhana, secrétaire adjointe des relations internationales du BNP : 

« Nos partisans manifestaient calmement et soudainement, la police les a attaqués avec du gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes. Le gouvernement a créé cette violence et nous fait porter la responsabilité pour mettre nos partisans en prison. »

Dans les jours qui ont suivi, environ 10 000 membres du BNP ont été arrêtés pour vandalisme et meurtre, dont le secrétaire général du parti. Certains accusés, comme Rumeen Farhana, affirment pourtant n’avoir pas participé à la manifestation. Le BNP est ainsi décapité, mais le parti au pouvoir de l’Awami League réfute toute persécution politique.

« Leur manifestation avait pour but d’empêcher les élections », soutient Biplab Barua, un porte-parole du parti. « Et pour cela, les vandales et les cadres du BNP ont commis de terribles violences, et ont tué un policier en lui fracassant son casque sur la tête. Nous devons maintenir l’ordre et réprimer ces actes criminels. »

La Première ministre assurée de remporter le scrutin

Le BNP a donc décidé de boycotter le scrutin de dimanche, ce qui prive les électeurs d’un vrai choix. Et ces arrestations envoient un signal que la critique est de moins en moins acceptée. Dans la rue, personne ne veut parler ouvertement de cette répression. Le sexagénaire Mohammed Enamul préfère utiliser une métaphore sportive pour décrire cette élection. « Dans un match, il faut deux équipes pour jouer. Si vous enlevez une équipe, il n’y a plus de match à regarder », dit-il.

La Première ministre Sheikh Hasina est au pouvoir depuis 15 ans, et elle est assurée de remporter ce scrutin, pour un 4ᵉ mandat consécutif. Un vrai monopole du pouvoir, commente Shahdeen Malik, administrateur du centre de réflexions Centre for policy and dialogue

« Les jeunes qui avaient 20 ans en 2010 n’ont connu qu’un dirigeant depuis 15 ans, et une seule idéologie. Ils ont ainsi été forcés de considérer que cette idéologie est la bonne », explique Shahdeen Malik.

L’un des premiers défis de Sheikh Hasina sera de juguler l’inflation, de plus de 10% par an, et de préparer le remboursement de nombreux prêts. Cette dernière tâche sera particulièrement difficile, car les réserves de devises étrangères sont déjà au plus bas.

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