«On ne se laisse plus faire»: les agriculteurs allemands vent debout face aux mesures d'économies du gouvernement
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À Berlin, plus de 10 000 agriculteurs ont battu le pavé en début de semaine dans le quartier gouvernemental et rien ne semble apaiser le mouvement. Parmi les manifestants, Thomas Domin, un agriculteur éleveur du Brandebourg en ex-RDA, mobilisé depuis des semaines.

De notre correspondante à Berlin,
Thomas Domin, la quarantaine, a repris en 1997 l’exploitation fondée par son père lors de la privatisation des coopératives du régime communiste. 400 hectares, des bêtes. Un exemple typique de ce qu’on appelle ici un Mischbetrieb, une exploitation mixte. Pour lui, rien ne fonctionne sans le diesel.
« La baisse des subventions sur le diesel, c’est tout simplement une hausse d’impôt, parce que les entreprises agricoles ont toujours bénéficié de l’avantage de se faire rembourser en fin d’année une partie de l’impôt sur le diesel. Que cet avantage soit purement et simplement supprimé n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On ne cesse de serrer la vis et les prix n’arrêtent pas de grimper. Quand on parle de subvention sur le diesel, il ne s’agit même pas de beaucoup d’argent. Dans mon cas, ce sont entre 6 000 et 7 000 euros par an. Mais la somme des coupes, c’est ce qui nous achève. C’est pour ça qu’on va dans la rue pour montrer qu’on ne se laisse plus faire. »
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Le gouvernement allemand pris de court
La virulence des manifestations, l’ampleur prise par le mouvement ont pris de court en Allemagne.
« Il faut bien dire que le gouvernement n’a pas pensé les choses jusqu’au bout », explique Klaus Müller, du département agronomie du centre Leibnitz. « Après la décision de la Cour constitutionnelle qui a retoqué le budget, ils se sont juste demandé où trouver rapidement les milliards d’économies nécessaires. Et c’est comme ça qu’on a décidé qu’une catégorie professionnelle qui représente, disons 1 % de la population, porterait 6 % des économies à réaliser. »
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Aller jusqu'au bout
Thomas Domin fait partie de cette génération de jeunes agriculteurs ouverts aux réformes et soucieux de l’environnement. Pour couper les vents et lutter contre la sécheresse des sols, il a planté des bosquets à la lisière des champs. La mesure est coûteuse, certains voisins sceptiques.
Mais les changements sont, aux yeux de Thomas, inévitables. « Oui, l’agriculture va changer, elle doit changer, c’est indiscutable. Nous voulons nous en sortir avec moins de subventions, mais nous devons tout de même avoir notre propre gagne-pain. Et nous devons tenir compte des prix du marché mondial. Or, on ne peut pas toujours produire à ce niveau. Les subventions compensent cet écart. »
Un mois après le début de leur mouvement, les agriculteurs sont bien décidés à aller jusqu’au bout.
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