Reportage international

Portugal: l'initiative saluée d'un hôpital associatif pour soldats ukrainiens blessés

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Le Portugal hébergeait 40 000 Ukrainiens avant la guerre contre la Russie et a accueilli 30 000 réfugiés depuis le début de l'invasion. Alors que Kyiv affronte toutes sortes de difficultés, la question de la saturation des hôpitaux ukrainiens se pose. Une association de réfugiés au Portugal, Help-UAPT, a eu l’idée de construire un centre de rééducation physique et psychologique pour soldats, à 140 km au nord de Lisbonne. Une initiative privée qui surprend par son ambition et son originalité. 

Les soldats ukrainiens accueillis au centre de rééducation d’Aldeia Nova apposent leurs signatures sur un mur, en 2024.
Les soldats ukrainiens accueillis au centre de rééducation d’Aldeia Nova apposent leurs signatures sur un mur, en 2024. © Marie-Line Darcy / RFI
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Au Portugal, dans le petit village d'Aldeia Nova, dans la région de Fatima, à 140 km au nord de Lisbonne, on parle désormais aussi l'ukrainien. C'est là que fonctionne dorénavant le premier Centre de rééducation pour les blessés du front ukrainien, résultat d'une initiative privée. Un premier groupe de soldats blessés y a déjà été accueilli cet été. « Ce que je veux, au moins pendant quelque temps, c'est oublier le front et ce qui s'y passe, mais oublier, c'est difficile », explique Maxime, 22 ans, blessé à la jambe, opéré dans son pays et qui espère reprendre le combat une fois qu'il sera rétabli. Le centre a pour fonction de désencombrer les hôpitaux d'Ukraine

« Dans la réalité, les hôpitaux ukrainiens n'ont plus de lits suffisants pour l'accueil de tous les blessés, déplore Vitali Melichuk, membre de la direction de l'Association des Ukrainiens du Portugal, Help-UAPT, à l'origine du projet. Nous avons donc décidé de construire un centre de rééducation physique et psychologique ici, afin de libérer de la place en Ukraine, pour traiter les cas les plus problématiques. »

Compassion et accueil

Financés par les dons de l'association et de privés, une église évangélique et des entreprises, le centre, un ancien séminaire abandonné, a été totalement rénovée pour un investissement de 1,5 million d'euros. Le choix du Portugal, à 3 500 km de Kyiv à vol d'oiseau, peut surprendre, mais le pacifisme portugais l'a emporté. « C'est un pays européen, certes petit, mais d'une belle grandeur d'âme, capable de compassion et d'accueil, admire Angelo Netto, porte-parole de Help-UAPT. Le centre est le premier de ce style en Europe. Il ne faut pas oublier que les Ukrainiens font tout pour éviter que la guerre arrive en Europe. Ils meurent par dizaines sur le front et il n'y a rien, ni aide, ni argent qui peut compenser ce sacrifice. Les gens le savent. »

Le centre de rééducation a reçu des machines d'entraînement et les lits médicalisés les plus sophistiqués. La difficulté vient surtout de trouver un personnel aux compétences adaptées aux besoins spécifiques de la médecine traumatique. « Je travaille pour permettre à ces personnes de retourner à la vie normale, raconte Lada, psychologue vivant au Portugal. Tout ce stress causé par la guerre, du flux de réfugiés, ces gens qui ont tout perdu… » La suite va dépendre des financements, là encore le nerf de la guerre.

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