Japon: dans les stations balnéaires, un été sous le signe de la prudence face aux risques de tsunamis
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Il y a un an, l'agence météorologique du Japon lançait la première alerte au mégaséisme après un tremblement de terre de magnitude 7,1 dans le département de Miyazaki. L'épicentre se situait dans la fosse de Nankai. À l'époque, cette alerte avait suscité un vent de panique dans le pays. Cet été, bon nombre de plages ont décidé d'organiser des exercices d'évacuation : des simulations de tsunamis. L'objectif : faire prendre conscience aux estivants que ce risque de catastrophe existe.

De notre correspondant à Tokyo,
Dans une station balnéaire proche de la capitale du Japon, l'après-midi se déroulait paisiblement jusqu'à ce que, tout à coup, une sirène retentisse, suivie de ce message : « Exercice. Alerte au tsunami à la suite d'un puissant séisme. Évacuez la plage. » Un drone a alors décollé immédiatement pour aller prévenir les surfeurs évoluant au large, et tous les estivants ont été priés de se diriger vers la tour anti-tsunami la plus proche, située à 500 mètres.
Interrompre ses jeux de plage et son bronzage et devoir, par 40°C à l'ombre, gravir plus d'une centaine de marches d'escalier pour parvenir au sommet de cette tour, n'est pas forcément agréable. Pour autant, les baigneurs ont salué l'initiative : « Ce drone, c'est vraiment une bonne idée. Moi, sur ma planche, je n'aurais sans doute pas entendu l'alerte puisque la consigne est de surfer le plus loin possible des baigneurs, pour ne pas risquer de les heurter », salue une baigneuse. Une autre vacancière était du même avis : « Une demi-heure de plage en moins, cela n'a rien de dramatique. Et puis, conscientiser les gens au risque de catastrophe majeure, c'est, à terme, sauver des vies. »
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Entre 75 et 82% de risques qu’un mégaséisme se produise dans les 30 prochaines années
De retour de l'exercice, ce jeune homme faisait grise mine : « C'est bien de se préparer, mais en même temps, ça nous rappelle que le pire est à venir, donc ça casse pas mal l'ambiance des vacances. On n'est plus dans l'insouciance, là... » Et pour cause : les scénarios des experts nippons font froid dans le dos. Selon eux, il y a entre 75 et 82% de risques que, dans les 30 ans à venir, un séisme de magnitude 8 ou 9 se produise dans le Pacifique : le long de la fosse sous-marine dite de Nankai, là où une plaque tectonique est en train de glisser sous une autre.
Ce mégaséisme serait suivi d'un tsunami qui, par endroits, serait de 30 mètres de haut : deux fois plus que celui de Fukushima, en 2011. Le bilan de cette catastrophe pourrait s'élever à près de 300 000 morts, plus de deux millions d'habitations complètement détruites et des dégâts qui se chiffreraient à plus de 1 000 milliards d'euros.
À en croire un sondage réalisé l'été dernier, cette perspective angoisse 81% des Japonais. Aussi, la campagne de prévention menée cet été par d'innombrables stations balnéaires est-elle saluée à la fois par le gouvernement, la presse et l'opinion.
Mais les réseaux sociaux notent que ces exercices d'évacuation révèlent des failles. Par exemple, la plupart du temps, ils sont unilingues – les instructions ne sont données qu'en japonais –, car une majorité de maîtres-nageurs sauveteurs ne parlent pas l'anglais. Or, jamais l'archipel n'a accueilli autant de touristes étrangers. Le mois dernier encore, ils étaient plus de 3,5 millions.
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