À la Une: un référendum en forme de scrutin test au Mali…
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« Le référendum sur la nouvelle Constitution, organisé hier (dimanche) sur les rives du Djoliba, a non seulement valeur de baromètre de l’adhésion des Maliens aux changements constitutionnels voulus par Assimi Goïta et les siens, relève Le Pays au Burkina, mais aussi de test grandeur nature de la capacité du Mali à organiser des élections d’envergure nationale sur un territoire notoirement fractionné et dont plus de la moitié échappe au contrôle des autorités centrales. Réussir le pari de l’organisation d’une telle consultation dans un contexte sécuritaire aussi volatile n’était pas gagné d’avance, poursuit le quotidien burkinabé, et on imagine que c’est un tonitruant ouf de soulagement que les membres de l’Autorité indépendante de gestion des élections ont poussé hier au coucher du soleil, à la fermeture des bureaux de vote. »
« Une journée historique »
Pour la presse malienne, tout s’est bien passé… « Une journée historique ! », s’exclame L’Aube. « Le référendum constitutionnel a pu (enfin) se tenir à travers le territoire national, dans le calme et sans incidents majeurs. En effet, ils étaient 8,4 millions d’électeurs appelés aux urnes pour se prononcer sur la nouvelle Constitution. Les résultats sont attendus dans 72 heures. »
« Le vote a débuté dans les centres sans difficultés majeures, relève pour sa part L’Essor, autre quotidien malien. Depuis huit heures hier matin, les électeurs ont convergé vers leurs bureaux de vote à Bamako comme à l’intérieur du pays. Présage d’une bonne organisation. »
Le vote entravé dans le nord et le centre
Autre son de cloche pour Le Monde Afrique ou encore Jeune Afrique qui relaient les agences de presse internationales :
« Le vote a été entravé dans le nord et le centre », constate Le Monde Afrique. « Les groupes armés du nord ont fait barrage à la consultation dans la ville stratégique de Kidal et sa région. Les anciens mouvements rebelles signataires d’une paix fragile avec Bamako ont refusé d’y permettre l’acheminement du matériel électoral pour une consultation sur un projet où ils disent ne pas retrouver l’accord qu’ils ont signé en 2015. Dans la région de Ménaka (nord-est), qui subit depuis des mois la poussée de l’organisation État islamique, les opérations se sont limitées à la capitale régionale en raison de l’insécurité, ont rapporté des élus. Un consortium d’observateurs nationaux de la société civile, la MODELE, soutenu par l’Union européenne, a rapporté dans un communiqué 'le non-fonctionnement pour cause d’insécurité' de plus de quatre-vingts bureaux de vote dans la région de Mopti, dans le centre, l’un des foyers de la violence qui ensanglante le Mali depuis 2012. »
Goïta candidat en 2024 ?
En tout cas, pour Aujourd’hui à Ouagadougou, « vraisemblablement, le Oui pourrait s’imposer » et, s’interroge le journal, « que fera Assimi Goïta avec l’instauration désormais d’un pouvoir présidentialiste très fort, avec prérogatives au chef de l’État de congédier Premier ministre (et gouvernement) lequel chef de gouvernement ne sera plus responsable devant l’Assemblée nationale ? Comment gérer les opposants qui ne manqueront pas de faire entendre leur voix ? La création d’un Sénat forcément budgétivore n’est-elle pas inutile ? Comment reléguer le français au rang de langue de travail ? Les autorités traditionnelles pourront-elles jouer vraiment un rôle ? Quel genre de justice traditionnelle, présente dans cette nouvelle constitution, sera-t-elle appliquée ? Et, enfin, la question qui turlupine Maliens et Communauté internationale, pointe encore Aujourd’hui : Assimi Goïta sera-t-il candidat ou non à la présidentielle ? »
Il y a débat…
Il faut dire, souligne Jeune Afrique, qu’à ce sujet, c’est le flou le plus total… Cette nouvelle constitution « prévoit l’amnistie pour les auteurs de coups d’État antérieurs à sa promulgation, et alimente les spéculations persistantes sur une éventuelle candidature du colonel Goïta à la présidentielle. » Il y a débat et « pour l’heure, les autorités de la transition s’abstiennent de le trancher, préférant laisser certains relais s’emparer du sujet. Opinions individuelles ou ballons d’essai lâchés par la junte, plusieurs membres du Conseil national de transition se sont en tout cas prononcés en faveur d’une candidature d’Assimi Goïta en 2024. »
Qui plus est, pointe encore Jeune Afrique, « ministères, gouvernorats : tous ont vu déferler en leur sein une vague d’uniformes depuis l’arrivée au pouvoir des militaires. Ce qui fait craindre une mainmise de la junte sur l’appareil d’État, qui pourrait permettre au colonel Goïta de se maintenir à la tête du pays, élections démocratiques ou non. »
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