Revue de presse Afrique

À la Une: la crise politique en France vue d’Afrique

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Le président français Emmanuel Macron fait un geste en s'adressant aux médias lors du sommet de la Communauté politique européenne à Copenhague, au Danemark, le 2 octobre 2025.
Le président français Emmanuel Macron fait un geste en s'adressant aux médias lors du sommet de la Communauté politique européenne à Copenhague, au Danemark, le 2 octobre 2025. REUTERS - Leonhard Foeger
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« La France se “gondwanatise“-t-elle ? » s’interroge Le Pays au Burkina Faso. Référence bien sûr au célèbre Gondwana, ce pays africain imaginaire et désormais célèbre, créé par l’humoriste Mamane, et dirigé par le non moins fameux président-fondateur…

« Ce qui semblait être propre à l’Afrique aux yeux des Occidentaux est en train de se dérouler sur leur propre sol, s’exclame le quotidien ouagalais. Preuve, s’il en est, que la mal gouvernance est loin d’être l’apanage du continent noir. (…) La France ne devrait plus se prévaloir du droit de maître à penser ou s’ériger en donneuse de leçons aux Africains. Ce d’autant qu’Emmanuel Macron donne là, la preuve de son incapacité à mettre fin à une crise qui ébranle les fondements de l’État français. »

Isolement politique

« 14 h et 26 minutes de règne fantôme : Lecornu, le Premier ministre éclair qui s’effondre plus vite qu’un château de cartes », ironise Le Journal du Niger. « Derrière l’aspect burlesque de cette séquence, c’est aussi la fragilité du système institutionnel français qui se trouve brutalement exposée. (…) Cette République française, marquée par un exécutif fort, mais incapable de composer avec un corps législatif fragmenté, donne le sentiment d’atteindre ses limites, relève encore Le Journal du Niger. Macron, le “réformateur“ autoproclamé récolte les fruits de son isolement politique : une Assemblée hostile, une droite revancharde et une opposition radicalisée. Le mandat de 14 heures et 26 minutes de M. Lecornu n’est pas une simple anecdote ; il est le symptôme manifeste d’un système qui se fissure. »

« Pauvre France ! »

« Le gouvernement Lecornu n’aura tenu que 14 heures : séisme politique en France », constate également El Moudjahid à Alger.

« Un sombre et loquace record, pointe le quotidien algérien proche du pouvoir, très emblématique du tragi-comique de la situation politique. La France replonge tête la première dans la crise, au bout de plusieurs semaines d’agitation sociale et de rendez-vous ratés avec le consensus autour de la politique budgétaire, au moment où l’urgence ne cesse de s’aggraver pour les finances publiques. »

Et El Moudjahid de viser le président français : « Emmanuel Macron, qui semble, depuis des mois, déserter la politique nationale française, pour un volontarisme d’équilibre à l’international, a consommé trois gouvernements en un peu plus d’une année, et sans doute ses dernières cartouches. »

« Pauvre France ! », renchérit le site Algérie Patriotique. « La classe politique française est aujourd’hui l’incarnation même de l’échec et de la déchéance. (…) Le peuple français, fatigué, désabusé, se retrouve prisonnier de ce système verrouillé, otage d’une caste arrogante. La colère gronde, la défiance s’installe, et c’est toute la démocratie qui est menacée. »

L’Élysée : un « bunker assiégé »

Sahel Tribune à Bamako, proche du pouvoir militaire, insiste : « France – Un pouvoir à bout de souffle : Matignon en crise, l’Élysée en sursis. » Là encore, Emmanuel Macron en prend pour son grade…  « À force de mépriser les corps intermédiaires, d’ignorer les alertes et de gouverner en solitaire, le président s’est piégé lui-même, affirme Sahel Tribune. La démission express de Sébastien Lecornu, dernier fusible d’un système à l’agonie, signe l’échec d’un pouvoir centré sur une verticalité autoritaire et creuse. L’Élysée, jadis centre de gravité politique, n’est plus qu’un bunker assiégé. L’arrogance présidentielle, érigée en méthode de gouvernement, n’a engendré que paralysie, défiance et chaos. Le régime vacille, et Macron se retrouve seul face aux ruines de son propre règne. »

Jusqu’à quand ?

WakatSéra au Burkina pointe du doigt également le président français : « si ce énième coup de tonnerre dans le ciel politique français pourrait être celui de trop, il faut reconnaître que la foudre n’a pas encore atteint sa véritable cible qui n’est autre qu’Emmanuel Macron. Ce dernier, dont le mandat arrive à terme en 2027, est contraint, sous le feu des critiques, des menaces de motion de destitution, et appels à démission de la rue, d’utiliser et d’abuser des nomination et démission des Premiers ministres pour prolonger son séjour à l’Elysée, jusqu’à la fin de son second quinquennat. »

Et WakatSéra de s’interroger : « a-t-il encore des fusibles à faire sauter, selon son bon vouloir ? Jusqu’à quand Emmanuel Macron résistera-t-il aux tirs nourris venus de toutes parts et déclenchés par l’opposition, qu’elle soit de Gauche, des Insoumis et de l’Extrême droite ? »

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