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A la Une: la vague d’arrestations au sein de l’armée au Mali

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Assimi Goita, l'actuel président du MaIi, au pouvoir après un coup d'État.
Assimi Goita, l'actuel président du MaIi, au pouvoir après un coup d'État. © Pavel Bednyakov / Reuters
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Que se passe-t-il au Mali depuis ces derniers jours ? Rumeurs de coup de force militaire, arrestations au sein de l’armée… et silence radio de la part de la junte au pouvoir.

La presse malienne en est réduite à s’interroger : « des rumeurs de tentative de déstabilisation des institutions de la transition sont largement relayées depuis le week-end sur les réseaux sociaux, relève le site Malijet. Ces spéculations, qui ont fait état de l’arrestation de plusieurs officiers sans plus de précisions, suscitent de nombreuses interrogations ».

Et le site malien donc de s’exclamer : « de quoi s’agit-il ? Un complot majeur ou une simple enquête disciplinaire ? Malgré ces bruits de couloir, la capitale malienne a conservé son calme hier lundi. Les activités se déroulent normalement et la population vaque à ses occupations. À l’heure actuelle, aucune déclaration officielle n’a été faite par les autorités pour confirmer ou démentir ces informations ».

L’information a été révélée avant-hier par RFI : ce que l’on sait, c'est que, selon des sources sécuritaires et politiques, les autorités maliennes ont procédé depuis jeudi dernier à au moins une vingtaine d’arrestations de militaires soupçonnés de vouloir renverser la junte.

D’autres sources citées par l’agence Reuters évoquent une quarantaine d’arrestations.

Deux généraux emblématiques…

« Parmi les personnalités arrêtées figurent deux officiers emblématiques dont l’interpellation suscite de vives émotions dans les rangs militaires » : c’est ce que relève notamment Afrik.com. À savoir : « le général Abass Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti (…) et la générale de brigade Nema Sagara, membre de l’état-major de l’Armée de l’air, qui compte parmi les femmes militaires les plus gradées d’Afrique. Elle fait partie des rares officières maliennes ayant participé directement aux combats. Formée au Mali, en France et aux États-Unis, son parcours exceptionnel dans la défense des populations civiles et la souveraineté nationale rend son arrestation d’autant plus troublante ».

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Tentative de coup d’État ?

Afrik.com, toujours, a recueilli deux témoignages plutôt contradictoires : « d’un côté, un officier supérieur proche des autorités de transition affirme sans ambages : “le règlement militaire est clair : ils ont voulu déstabiliser la transition et ils sont aux arrêts“. Cette version officieuse suggère une tentative réelle de renversement du pouvoir, justifiant ainsi la répression en cours. De l’autre côté, poursuit Afrik.com, le Parlement malien, par la voix d’Aliou Tounkara du Conseil National de Transition, dément catégoriquement toute tentative de coup d’État. Dans une interview accordée à l’African Initiative, il qualifie ces informations de “ridicule provocation médiatique de la part de la France“, assurant que “le peuple malien soutient le président Assimi Goïta et le gouvernement de transition“ ».

Grogne au sein de l’armée ?

Pour le sociologue malien Oumar Maïga, interrogé par Jeune Afrique, « cette histoire est la preuve que les militaires ont du mal à maîtriser la situation. Dans les rangs de l’armée, il y a une grogne », affirme-t-il. Et poursuit-il, « des soldats ne sont pas d’accord avec le traitement qui est fait aux mercenaires russes au détriment des militaires maliens ».

En effet, rebondit Ledjely à Conakry, « à la chape de plomb imposée au pays s’ajoute un malaise grandissant : la différence de traitement entre les mercenaires russes, érigés en partenaires privilégiés, et les militaires maliens, relégués au second plan, alors que ce sont eux qui paient le plus lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme ».

Commentaire du site guinéen : « cet épisode constitue un signal fort : il révèle l’existence d’une contestation qui dément l’image d’unanimisme que le pouvoir malien s’efforce de vendre à coups de propagande médiatique. (…) C’est à la fois un désaveu et un avertissement : même au sein de la très stratégique Grande muette (malienne) tout le monde ne partage pas la ligne actuelle ».

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