À la Une: Attention, secret défense !
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Il a du bon, c’est certain. Le secret défense peut protéger, mais il peut aussi parfois mettre en danger. Vous vous souvenez probablement de Mohamed Merah, auteur d'une attaque contre une école juive en mars 2012, assassin de sept personnes à Toulouse et à Montauban ? Vous vous souvenez peut-être également du père Jacques Hamel, assassiné en 2016, dans son église de Saint-Étienne du Rouvray ? Figurez-vous que ces attaques, aussi dramatiques soient-elles, pouvaient probablement être évitées.
C'est ce que nous apprend Marianne cette semaine. Le secret défense a « retardé l'identification » de Mohamed Merah, par exemple. Une note « alertait déjà sur sa dangerosité avant l'attentat », mais elle était classifiée. Dans le cas du père Jacques Hamel, explique encore Marianne, les services de renseignement avait « repéré la menace et identifié l'un des auteurs en amont » mais les informations, classifiées là aussi, ont « circulé trop lentement ». On peut encore citer, le cas Amedy Coulibaly. Exécuteur d'une policière et de quatre otages à l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, en janvier 2015, il portait « des armes vendues par un informateur de la gendarmerie ». Alors « par quel enchaînement se sont-elles retrouvées entre les mains du tueur ? Les échanges entre le trafiquant et les gendarmes le diraient peut-être ». Mais ils sont - devinez quoi - « classifiés ».
La dérive et « l’inflation » du secret défense
C'est pourquoi, certains dénoncent la dérive du secret défense. « Conçu pour faciliter le travail de la police et du renseignement, sa lourdeur finit parfois par leur compliquer la tâche », déplore Marianne. Même les spécialistes du renseignement en conviennent : « la situation n'est plus tenable ». À l'image de Pascal Jouary qui publie l'ouvrage Secret Défense. Le livre Noir. Il propose notamment la création d'une « instance indépendante habilité à lever le secret au cas par cas ». Il souligne « l'inflation » du secret défense, à tous les niveaux, pas uniquement en matière anti-terroriste. Il regrette par exemple que « les décisions clés » de la gestion du Covid-19 soient « classées pour des décennies ». En effet, les délibérations du Conseil de défense sanitaire d’Emmanuel Macron, qui a géré cette crise, sont normalement « confidentielles pour les cinquante ans à venir ». Et 50 ans, ça peut être très long !
Dans les coulisses de la défense aérienne française
Toujours est-il que le secret défense est parfois indispensable. On ne parle évidemment pas d'Éric Ciotti, candidat à l'investiture LR pour la présidentielle, qui vend cette semaine, dans Le Point, son idée de « Guantanamo à la française » en Outre-mer, sorte de nouveau « bagne de Cayenne ». Non, paré au décollage ! Voilà qui devrait faire plaisir à notre spécialiste Franck Alexandre et à tous les férus des questions militaires : Aujourd'hui en France weekend nous emmène pour sa part dans les coulisses de de l'Armée de l'air. Visite du Centre national des opérations aériennes (CNOA). Un « lieu secret qui ne se dévoile presque jamais, au cœur d'une zone de défense hautement sensible », nous dit le magazine, la base 942 Lyon-Mont Verdun. Elle « s'étend sur plusieurs hectares, comme un campus perdu dans la forêt des Monts d'or ». Une petite ville calme « avec ses routes goudronnées, ses 1 300 militaires, ses logements, son gymnase, sa piscine, sa cantine... » Mais « l'apparente tranquillité » de cette base 942 est « inversement égale à l'importance stratégique du lieu », signale Aujourd'hui en France car, à 135 mètres sous terre, se trouve aussi un bunker ultra sécurisé. Le cœur des opérations où les militaires surveillent constamment les quelque « 11 000 aéronefs qui sillonnent chaque jour le ciel français », drones y compris. C'est aussi sur ce site que sont pilotées les opérations hors du territoire français.
À Cherbourg, les victimes du « Contrat du siècle »
Conséquence d’un grand secret, la presse nous présente aussi cette semaine les premières victimes de la perte du « contrat du siècle ». Ceux qui paient les pots cassés après la vente annulée de sous-marins à l’Australie, ceux qui s’efforcent depuis de « surmonter » : La direction et les employés de Naval Group. C’est le magazine des Échos qui nous les présente. Alors que Paris et Washington se sont réconciliés, reportage à Cherboug et l’ambiance est toujours loin d’être à la fête là où devaient être produits les douze sous-marins, possiblement jusqu’en 2050. « Un choc inattendu », tout était prêt.
Sur place, les 5 000 salariés l’ont appris le jour même, comme tout le monde. « Ironie du sort », souligne Les Échos Week-end, « ce funeste mercredi du 15 septembre », quand on a appris la rupture du contrat, le groupe français venait justement de recevoir, le matin, « un courrier validant la définition technique du projet ». Scène surréaliste, digne d’un film : ce jour-là le patron du site et la DRH apprennent la nouvelle « une heure avant de monter sur scène pour un show axé précisément sur le contrat avec l’Australie »… et prévu avec des Australiens ! Oui, il y avait déjà des partenaires australiens sur place, qui l’ont découvert eux-aussi comme tout le monde. Ce soir-là, nous disent Les Échos, ils étaient d’ailleurs plusieurs dizaines à « débarquer au Bayou », le pub du coin. Pour boire, pour oublier… La fin de ce contrat, signifiait pour eux, la perte de leur travail. Résultat, le lendemain soir, ils étaient même « deux fois plus nombreux à boire des Pils » au comptoir.
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