Revue de presse internationale

À la Une: que faire des talibans en Afghanistan?

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Des combattants talibans achètent des drapeaux talibans à Kaboul, en Afghanistan, le lundi 30 août 2021.
Des combattants talibans achètent des drapeaux talibans à Kaboul, en Afghanistan, le lundi 30 août 2021. © AP/Khwaja Tawfiq Sediqi
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The Washington Post nous apprend qu’en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, Anthony Blinken a eu des entretiens avec des diplomates de haut rang de Chine, de France et du Pakistan. Mais « aucun consensus » ne se dégage « sur comment et quand reprendre pleinement l’aide financière vitale au pays alors qu’il s’enfonce de plus en plus dans la crise économique », poursuit le journal américain. « La Chine appelle à la fin des sanctions », et à « l’accès des talibans à des milliards de dollars de réserve de change gelés » par les Américains, ajoute The Financial Times. Le journal économique cite le ministère chinois des Affaires étrangères. Non, « ces fonds ne doivent pas être une monnaie d’échange pour faire pression sur l’Afghanistan » alors que les « signes d’une crise économique aiguë se multiplient » s’alarme The Washington Post.

Et « pour éviter la catastrophe », le Trésor américain a d’ores et déjà ouvert une brèche, ajoute le quotidien américain, « délivrant une licence » (une autorisation exceptionnelle) « à l’aide humanitaire américaine de continuer ». Blinken face à un dilemme. « Les craintes concernant l’influence croissante de Pékin se sont intensifiées à la suite du retrait américain », précise le Financial Times. Et en interne, des « membres du gouvernement américain exhortent l’administration Biden à s’engager davantage [avec les Talibans] pour faire pression sur leurs politiques », croit savoir le Washington Post. Et les atermoiements de Blinken devant le Congrès américain montrent qu’il « prépare le terrain à une reconnaissance du gouvernement afghan », analyse The Wire, site indépendant indien.

L’enjeu de l’influence sur l’Afghanistan

« Au plus profond des sous-sols de l’un des pays les plus pauvres du monde se trouvent au moins 1 000 milliards de dollars de ressources minérales inexploitées ». À la Une de son site, al-Jazira, propriété du Qatar, parrain des talibans, le média qatarien revient en long et en large, cartographies à l’appui, sur la richesse potentielle de l’Afghanistan, en citant un rapport du ministère afghan des Mines qui date d’il y a deux ans. Du fer, du marbre - « assez pour construire 13 000 monuments de Washington » -, insiste al-Jazira. Or, lapis-lazuli, émeraudes, uranium, cobalt... De quoi aiguiser les appétits des grandes puissances. Et ces talibans 2.0, cette « nouvelle génération de talibans » ainsi présentée par Die Welt, « ils utilisent les médias sociaux pour véhiculer une image différente ».

Pour le journal allemand qui décrit leur stratégie sur Twitter, « ils se présentent au monde comme modernes, modérés et hommes d’État. Ils veulent donc gagner les faveurs de la population et de l’étranger ». Mais ils utilisent aussi les réseaux sociaux pour « persécuter ceux qui pensent différemment ». C’est « une bande de voyous perfides et vicieux et que son Émirat 2.0 n’[est] qu’un renouveau de son Émirat 1.0 », juge le très informé The Wire. Avant de lancer « en un peu plus d’un mois, ils ont écrasé toute dissidence [...] tiré et interdit toute manifestation [...] torturé des journalistes [...] expulsé et déplacé des familles [...] banni les femmes des écoles, des sports », égrène ce chroniqueur pakistano-américain, et alors que « les exécutions et les amputations vont reprendre dans les prisons afghanes », annonce un vétéran taliban à l’agence AP. Information reprise dans les grands journaux du monde entier.

L’alliance du Quad en eaux troubles

« Biden réunit le Japon, l’Australie et l’Inde pour tenir tête à la Chine », prévient le site de CNN. Cette première réunion du « dialogue quadrilatéral sur la sécurité [...] relancé en 2017 [...] après une interruption de neuf ans », précise le Financial Times, intervient à un moment où « la politique étrangère de plus en plus agressive de la Chine a accru les problèmes de sécurité au Japon, en Inde et en Australie ». Sauf que Aukus, dévoilé la semaine dernière, a rebattu les cartes de ce Quad. À la veille de cette réunion, les Premiers ministres indien et japonais se sont rencontrés, d’après The Statesman.

Les deux dirigeants insistent pour une coopération non militaire dans la zone indo-pacifique, relève le journal indien. « Biden a besoin de l’Inde pour contrer la Chine, mais cela a un coût », note Politico. Dans un article passionnant, le site américain narre les silences de l’administration américaine sur les violations des droits de l’homme du nationaliste Narendra Modi et de ses lieutenants ultra radicaux, expliquant que « cette alliance est problématique pour le président Biden ». Le Quad, « un prototype asiatique de l’Otan », juge Kommersant, reprenant les éléments de langage de Moscou. Le journal russe avance que le Quad est une « nouvelle architecture de sécurité “qui vise à renforcer le contrôle de Washington sur l’Asie ».

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