Revue de presse internationale

À la Une: le plan de paix pour Gaza, mirage ou avancée?

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Le président américain Donald Trump aux côtés du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, le 29 septembre 2025 à la Maison Blanche.
Le président américain Donald Trump aux côtés du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, le 29 septembre 2025 à la Maison Blanche. © AP - Alex Brandon
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« C’est potentiellement l’un des plus grands jours dans l’histoire de la civilisation. Nous allons tout régler : le commerce avec l’Iran, les accords d’Abraham (entre Israël et plusieurs pays arabes), la guerre à Gaza. Nous allons vers une paix éternelle au Moyen-Orient ».

« Comme à son habitude, souligne Le Temps à Genève, Donald Trump n’a pas économisé les superlatifs lors de la conférence de presse hier à Washington en compagnie de Benjamin Netanyahu (pour présenter le plan de paix pour Gaza). (…) Toutefois, constate le quotidien suisse, ce plan de paix ressemble davantage à une permission de tirer qu’à un accord diplomatique. Il prévoit que le Hamas rende tous les otages, vivants et morts, accepte un désarmement complet, et qu’une administration internationale, à laquelle ni le Hamas ni l’État palestinien ne seront conviés à participer, dirige la bande de Gaza. Des conditions que le Hamas rejette depuis longtemps. Or, a averti Donald Trump, "si le Hamas refuse, Israël a notre soutien inconditionnel pour faire ce qu’il doit faire" ».

Que va faire le Hamas ?

En effet, rebondit Libération à Paris, « tout, absolument tout (dans ce plan) repose sur l’acceptation par le Hamas de se saborder contre une "amnistie" qui serait accordée à ses membres, qui accepteraient de rendre les armes. Le Hamas qui n’a pas été officiellement consulté. Le pari de Netanyahu est donc que l’organisation terroriste fasse le travail pour lui, s’exclame le journal, rejetant dans les 72 heures fatidiques le plan que, lui-même, est forcé d’accepter. Cette option devrait, selon l’accord, donner à Israël la permission de détruire le Hamas, "par la force s’il le faut". Autrement dit, résume Libération, retour à l’invasion de Gaza et sa colonisation, cette fois avec l’accord tacite des pays arabes et la bénédiction officielle de l’Amérique ».

« Le Hamas doit répondre à une étrange injonction, insiste Le Soir à Bruxelles : le suicide ou subir les foudres mortelles d’Israël. Un choix cornélien s’il en est. En attendant, il doit restituer tous les otages dans les trois jours, qu’il considérait comme ses derniers atouts, et espérer qu’Israël tiendra parole, ne cherchera pas à procrastiner peu ou prou, voire à saboter l’accord qui l’empêche d’annexer et d’expulser à sa guise ».

« Cet accord est nécessaire, même s’il paraît impossible. »

Oui, c’est vrai, pointe le New York Times, « le Hamas, dont les dirigeants survivants se cachent pour l’essentiel dans un bunker à Doha, doit encore approuver ce plan. Et il a de multiples moyens de le saboter, tout comme Netanyahu. Mais cela vaut la peine d’essayer, s’exclame le journal. (…) Cet accord est nécessaire, même s’il paraît impossible ».

Et « Israël doit être contraint de laisser ouverte la possibilité d’un État palestinien, affirme encore le New York Times, à la condition que les Palestiniens atteignent certains objectifs de gouvernance. Seul Trump peut l’imposer à Netanyahu. (…) Ce plan de paix peut créer un pont vers une solution à deux États. Il donnerait alors une énorme marge de manœuvre à l’Arabie saoudite, au Liban, à la Syrie et même à l’Irak pour envisager de rejoindre les accords d’Abraham et de normaliser leurs relations avec Israël ».

Un chemin encore long…

La porte est entrouverte, souligne Haaretz à Tel Aviv : « la guerre doit cesser, pour sauver les otages qui croupissent dans les tunnels du Hamas depuis deux ans, et parce qu’il est insupportable de continuer à sacrifier la vie de soldats sur l’autel d’un conflit vain. (…) Il faut espérer, implore le quotidien israélien de gauche, que Netanyahu ne changera pas d’avis et ne torpillera pas l’accord, comme il l’a fait par le passé. Les portes de l’enfer qui se sont ouvertes le 7 octobre doivent se refermer ».

Le Guardian à Londres résume la situation : « le plan de Trump pour Gaza est ambitieux, mais la paix est loin d’être garantie. À première vue, ce plan semble plus susceptible de mettre fin au conflit de deux ans à Gaza que tout ce que nous avons vu jusqu'à présent. Mais il s’agit moins d’une feuille de route détaillée que d’un croquis sommaire qui laisse autant de chances de se perdre que d’atteindre la destination souhaitée. (…) Il y a encore beaucoup à faire, soupire le Guardian : même si le Hamas approuvait le plan, il resterait une multitude de détails à convenir, à fixer et à mettre en œuvre. Ce chemin pourrait être très long, et toute arrivée, et encore moins une arrivée sûre et confortable, est loin d’être garantie ».

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