Revue de presse internationale

À la Une: guerre en Ukraine, un jour noir qui fait la Une dans le monde entier

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Des militaires de la Garde nationale ukrainienne prennent position dans le centre de Kiev, en Ukraine, le 25 février 2022.
Des militaires de la Garde nationale ukrainienne prennent position dans le centre de Kiev, en Ukraine, le 25 février 2022. REUTERS - GLEB GARANICH
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C'est peut-être la Une du Times qui résume le mieux le choc éprouvé en Europe. La première page est presque entièrement occupée par une photo : le visage ensanglanté d'une femme, le front bandé et les yeux droits vers l'objectif, encore debout mais sonnée, après un bombardement dans la ville de Kharkiv. Juste en-dessous de la photo, on peut lire ces mots : « Un jour noir pour l'Europe ».

Les journaux américains, européens et bien sûr, ukrainiens, suivent cette guerre en direct, minute par minute. La presse ukrainienne donne des nouvelles des différents fronts. Le journal d'Odessa, Dumskaya, raconte l'histoire de ce jeune soldat ukrainien qui s'est sacrifié en faisant sauter un pont pour stopper l'avancée des chars russes. L'Ukrayinska Pravdadonne des informations pratiques. Elle recommande par exemple aux habitants du quartier d'Obolon, à Kiev, de ne pas sortir, « de rester à l'écart des rues parce qu'une action militaire active approche. »

L'Ukraine soutenue par Novaïa Gazeta

Le dernier journal indépendant de Russie publie, aujourd'hui, une édition bilingue en russe et en ukrainien, « parce que nous ne reconnaissons pas l'Ukraine comme un ennemi et l'ukrainien comme une langue ennemie. Et nous ne le reconnaîtrons jamais. »

Le rédacteur en chef du journal, prix Nobel de la paix l'année dernière, justifie cette décision dans un éditorial qui s'affiche en rouge et en Une sur le site internet de Novaïa Gazeta : « Nous nous sommes tous réunis dans le bureau de la rédaction, tôt, aujourd'hui. Nous sommes en deuil. Notre pays a déclenché une guerre avec l'Ukraine sur les ordres du président Poutine. Et il n'y a personne pour arrêter la guerre. Donc, en plus du chagrin, nous nous sentons honteux. »

Novaïa Gazeta s'indigne également des menaces lancées par le président russe. « Dans ses mains, le commandant en chef, comme le trousseau de clés d'une voiture coûteuse, tourne le ‘bouton nucléaire’. La prochaine étape est-elle une salve nucléaire ? Il n'y a pas d'autre façon d'interpréter les propos de Vladimir Poutine concernant une arme de représailles. »

Novaïa Gazieta, seul journal de Russie à évoquer des pertes dans les rangs de l'armée russe. Le journal indique que même si « aucun rapport officiel ne fait état de victimes russes, [...] des vidéos de cadavres en uniformes russes et d'interrogatoires de soldats russes capturés ont été diffusées sur les réseaux sociaux. »

Ces révélations et l'indignation de Novaïa Gazeta tranchent avec le reste de la presse russe. Les journaux russes, qui s'alignent sur la position affichée par le Kremlin, à l'image de Kommersant, se contentent toujours de l'expression « opération militaire » avant de donner de manière laconique les informations des dernières heures.

Le journal Komsomolskaïa Pravda, qui était le journal de la jeunesse communiste sous l'URSS, renverse complètement la perspective en titrant « Pour la première fois depuis huit ans, la banlieue de Donetsk n'a pas été bombardée par l'artillerie ukrainienne. »

Et puis, quelques titres du journal Les Nouvelles : « Un expert démystifie une fausse histoire concernant un équipement russe abandonné »,« L'Occident ignore les faits de génocide dans le Donbass » ou encore « Rien de nouveau dans les menaces de sanctions contre la Russie ».

Les sanctions en question

Des sanctions dont les effets posent aussi question du côté de la presse occidentale. Sans grand espoir, la Frankfurter Allgemeine Zeitung titre « À Bruxelles, Poutine a déjà gagné ». Le journal allemand se demande pourquoi le chancelier Olaf Scholz s'est opposé, cette nuit, à la décision d'exclure la Russie du système de services financiers Swift. « Pas avant que Poutine n'annexe également l'Ukraine ? S'il envahit d'autres pays, peut-être même, un membre de l'Otan ? S'il menace Berlin de tirs nucléaires depuis Kaliningrad, voire s'il fait tirer des missiles ? » En attendant, résume le quotidien de Francfort : « Le hold-up russe continue d'être financé par l'Europe. »

Pour The Guardian, Vladimir Poutine « veut une confrontation avec – et une victoire sur – un Occident qu'il tient pour responsable de la chute de l'Union soviétique, de la faiblesse de la Russie dans les années 1990 et des tendances autonomes des anciennes républiques soviétiques. »

Selon le quotidien israélien Haaretz, les Occidentaux étaient prévenus : « Lorsqu'ils ont commencé à étendre [leur] influence dans des régions proches de la Russie, [ils ont] maximisé [leur] sécurité aux dépens de Moscou. Poutine a exigé une solution diplomatique, depuis l'invasion russe de la Crimée [il y a huit ans]. À ses yeux, le gouvernement de Kiev n'a aucun droit d'existence indépendant ; il n'est qu'un outil entre les mains de l'Occident. [Vladimir Poutine] s'attaque désormais à la fois au symptôme et au grand problème : le système des relations internationales. »

Une guerre qui s'inscrit dans une vision d'ensemble de Vladimir Poutine

Toujours selon The Guardian, le président russe « a développé, au fil des décennies, une vision du monde qui est paranoïaque mais cohérente. » C'est aussi l'analyse du New York Times. Le quotidien américain assure que « le leader russe est consumé par la fureur revancharde et convaincu d'un complot occidental implacable contre Moscou. »

Alors à quoi faut-il s'attendre ? « La réponse est aussi simple qu'inquiétante », selon The Guardian : « Il n'y a donc peut-être pas de limites à la quête de vengeance d'une humiliation perçue. La vision du monde du président ouvre la voie à l'extrémisme. »

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