Revue de presse internationale

À la Une: les naufrages et drames de l'immigration clandestine

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Un groupe humanitaire espagnol a repéré des migrants déshydratés en mer et leur bateau est escorté vers la petite île italienne de Lampedusa. (image d'illustration)
Un groupe humanitaire espagnol a repéré des migrants déshydratés en mer et leur bateau est escorté vers la petite île italienne de Lampedusa. (image d'illustration) © AP / Olmo Calvo
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Une enquête menée par un réseau de médias européens montre que la société Bois Rouge, en Centrafrique, est étroitement liée aux intérêts russes dans le pays. Et plus précisément au réseau d’affaires d’Evgueni Prigozhin, un proche de Vladimir Poutine soupçonné d’être le dirigeant du groupe Wagner.

 « Un paravent des intérêts russes en Centrafrique »

Cette enquête s’est étalée sur trois mois et est publiée par le quotidien belge Le Soir. Elle remonte au 9 février 2021 lorsqu’une société inconnue, Bois Rouge, obtient le droit d’exploiter une forêt de 186 000 hectares dans le sud-ouest du pays. « Cette entreprise se présente comme une société 100 % centrafricaine, mais il s’agit en réalité d’un paravent des intérêts russes en Centrafrique », assure le journal. « La concession forestière a été attribuée à la société quinze jours après l’arrivée des mercenaires russes dans la région », remarque Le Soir, qui décrit notamment les liens financiers entre Bois Rouge et les hommes de Wagner.

« Notre analyse montre que Bois Rouge a obtenu le droit d’exploiter la forêt de manière intensive, ainsi que des avantages fiscaux et douaniers jamais octroyés à d’autres entreprises », ajoute le quotidien, qui précise : « Malgré ce traitement de faveur, nous avons pu établir que Bois Rouge n’avait pas respecté tous ses engagements ». L’exploitation a par exemple commencé sans plan d’aménagement ni étude d’impact environnemental, pourtant obligatoires. Dans un encadré intitulé « En Centrafrique, le groupe Wagner fait feu de tout bois », Le Soir constate que « les hommages aux mercenaires de Wagner sont partout » et poursuit : « Les "conseillers russes", comme on les surnomme pudiquement, ont des statues et des films à leur gloire. Des ministres portent des tee-shirts à leur effigie et des membres d’associations financées par Moscou chantent leurs louanges lors de manifestations ».

Des migrants sur des « nattes souillées d'urine »

En Italie, les conditions d’accueil des migrants sur l’île de Lampedusa font la Une de la presse. « Des immigrés dans des conditions inhumaines » dénonce la Repubblica, qui parle de « plaie purulente du système d’accueil du pays, comme une blessure qui se referme le soir et se rouvre le lendemain matin ». Le journal décrit des migrants qui dorment « sur des nattes souillées d'urine et habitées par des cafards, à côté de restes de nourriture, adossés à des tas d'ordures ».

Près de deux mille personnes s’entassent dans un lieu conçu pour en accueillir 500 tout au plus, et les arrivées continuent : « Pas moins de quinze bateaux arrivent chaque jour, échoués sur les côtes de Lampedusa où les vacanciers prennent le soleil ou s'attablent au restaurant », estime le journal. Il donne la parole à une ancienne employée du centre d'accueil. Piera Magnolia a démissionné en avril. « La directrice nous a empêchés de donner aux enfants des bonbons et des snacks, elle prétendait qu'ils pouvaient les rendre malades », raconte-t-elle. Un autre salarié, toujours en service, témoigne : « Il arrive que ceux qui viennent de finir de ramasser les ordures soient envoyés à la cuisine. Parfois la nourriture est mauvaise, parfois, elle est impropre à la consommation ». « Les conditions sanitaires sont une honte nationale ! », s’indigne La Repubblica, qui annonce dans un autre article la venue prochaine sur place du dirigeant de la Ligue du Nord. Matteo Salvini viendra faire campagne autour de son thème de prédilection : la lutte contre l’immigration.

Au Liban, explosion du trafic d'êtres humains

Au Liban, l’Orient le Jour a justement enquêté sur l’explosion du nombre de candidats à l’émigration clandestine. « Voici un business juteux qui fleurit au Liban grâce à la crise : le trafic d’êtres humains par bateau. À mesure que les conditions de vie se dégradent, les candidats à l’émigration illégale par la mer se font de plus en plus nombreux au pays du Cèdre », constate le quotidien. Selon cette enquête, les passeurs font de juteux bénéfices : trois à cinq mille dollars par passager, mais peu d’efforts sont consentis pour lutter contre le phénomène, « une fois renvoyés en procès, les passeurs sont très souvent acquittés et remis en liberté », déplore le journal.

Sous le titre « ces Libanais prêts à tout pour fuir, quitte à en mourir », l’Orient le Jour a par ailleurs interrogé plusieurs candidats au départ, dont certains rescapés d’un naufrage qui avait causé la mort d’une trentaine de victimes en avril. C’est le cas de Mario Mardini, 36 ans. « Lorsqu’on m’a repêché, j’ai vomi sur une petite fille morte étendue à mes côtés. Je suis hanté par ce moment », raconte-t-il avant d’ajouter : « Ma cousine en Allemagne a essayé par tous les moyens de me faciliter l’obtention d’un visa, mais ça ne marche pas. Du coup, je vais retenter le voyage par la mer s’il le faut ».

Naufrage : presque toutes les victimes étaient des femmes

Aux États-Unis, le Miami Herald revient sur un autre drame de l’immigration : le naufrage d’un bateau d’Haïtiens dimanche au large des Bahamas. « Presque toutes les victimes retrouvées étaient des femmes », remarque le quotidien. « C’est la deuxième fois en deux mois qu’un nombre écrasant de femmes haïtiennes perdent la vie dans un naufrage », 17 corps ont pour l’instant été repêchés à l’issue du naufrage de dimanche, dont un seul homme, et les recherches se poursuivent, précise le Miami Herald. Un sociologue haïtien de l’université de Miami interrogé par le quotidien reconnaît qu’il est difficile de savoir pourquoi les femmes meurent plus que les hommes lors de ces dangereuses traversées, mais tente une explication : « Les femmes haïtiennes savent moins nager que les hommes ».

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