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À la Une: après 19 mois de guerre, le soutien occidental à l’Ukraine commence à s'éroder

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Alors que les combats s'intensifient dans l'est du pays, les artilleurs ukrainiens savent que leur travail est essentiel pour percer les lignes de défense russe et espérer un succès de la contre-offensive lancée par Kiev début juin.
Alors que les combats s'intensifient dans l'est du pays, les artilleurs ukrainiens savent que leur travail est essentiel pour percer les lignes de défense russe et espérer un succès de la contre-offensive lancée par Kiev début juin. © RFI/Emmanuelle Chaze
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« Le soutien à l'Ukraine s'effondre », dramatise le Suddeutsche Zeitung. C'est en tous cas « la fin du soutien inconditionnel à l'Ukraine », analyse Le Temps. Le quotidien suisse revient sur ce qu'il appelle « la double déconvenue du week-end pour Kiev », entre les États-Unis qui, pour échapper au « shutdown » (la paralysie de l'administration fédérale), ont mis en péril au Congrès la poursuite de l'aide à l'Ukraine, et surtout, « plus problématique encore », en Slovaquie, la victoire aux législatives du parti populiste de l'ancien Premier ministre Robert Fico, lequel « a promis durant toute sa campagne de stopper toute aide à Kiev ».

« Alors que la guerre s'éternise et que la ligne de front reste en grande partie statique », la victoire du pro-russe Fico, estime le New York Times, « est un nouveau signe de l'érosion du soutien occidental à l'Ukraine ». « Un changement frappant », commente le quotidien américain, « alors que la Slovaquie avait été le premier pays de l'Union européenne à livrer des avions de combat à l'Ukraine ». « L'unité de l'Occident pourrait être menacé », s'inquiète également le Washington Post, à l'instar de Die Welt qui redoute que la Slovaquie ne rejoigne ainsi « la Hongrie de Viktor Orban, qui a renoncé à aider l'Ukraine », et alors que la Pologne « s'est elle aussi récemment montrée plus réticente à fournir des armes », le président polonais Andrzej Duda « comparant même l'Ukraine a un homme qui se noie » et qui pourrait bien « entraîner avec lui la Pologne ».

Lassitude des Européens, scepticisme des républicains américains

L'accord passé donc ce week-end au Congrès américain pour éviter le « shutdown » « s'est fait aux dépends de l'Ukraine » à cause des républicains, explique le Frankfurter Allgemeine Zeitung, « avec un budget qui ne contient aucune nouvelle aide pour Kiev ». Même si ce budget n'est que provisoire – jusqu'en novembre prochain – et que le président Biden « met la pression sur les républicains pour que l'aide se poursuive », un nombre croissant d'élus de droite s'opposent « à ce que les États-Unis continuent de contribuer au financement de la guerre en Ukraine », souligne le Guardian, à la grande satisfaction du Kremlin et de la presse russe qui, comme la Komsomolskaya Pravda, ironise en titre sur « les États-Unis qui n'ont plus d'argent pour l'aide militaire à l'Ukraine ».

Autant « d'incertitudes qui pèsent sur Kiev », commente le Washington Post, même si le président Zelensky, dimanche encore, a « promis de combattre la Russie aussi longtemps qu'il le faudra ». Alors que les ministres des Affaires étrangères des principaux alliés de l'Ukraine sont réunis ce lundi 2 octobre en sommet à Kiev pour réaffirmer leur soutien, certains proches du président ukrainien veulent croire « que malgré la lassitude et les revirements, les principaux alliés ne lâcheront pas l'Ukraine », rapporte Le Temps. « Les armes continuent d'ailleurs à arriver » fait valoir, dans le quotidien suisse, un conseiller ukrainien résolument optimiste. Ce dernier ajoute : « Qui aurait pu croire il y a un an qu'on nous livrerait des chasseurs F-16 ? Cela se concrétisera bientôt. »

Congrès des États-Unis: Kevin McCarthy menacé d'éviction par ses pairs républicains 

C'est une « lutte fratricide » qui s'engage chez les républicains, alors que dans l'aile dure du parti, l’élu de Floride Matt Gaetz « entend déposer cette semaine une motion pour destituer Kevin McCarthy » de son poste de président de la Chambre des représentants, rapporte le New York Times, coupable à ses yeux de « trahison » après « sa main tendue aux démocrates pour faire adopter le budget provisoire qui a permis aux États-Unis d'éviter la paralysie de l'administration fédérale ». « Rébellion, ou bien vengeance, mais que cherche donc Matt Gaetz ? », s’interroge également le correspondant du Suddeutsche Zeitung, qui note que le quadragénaire qui s'était d'abord « présenté comme un modéré s'est vite réinventé pour devenir un fervent supporter de Donald Trump », l'ex président qui avait d'ailleurs demandé aux élus républicains d'éviter tout compromis au Congrès sur le budget.

« Aujourd'hui, Gaetz veut renverser McCarthy », mais au risque d'affaiblir le parti, dénonce le Wall Street Journal « au beau milieu d'une négociation budgétaire à fort enjeu et d'une enquête sur la destitution du président Biden ». Une véritable politique « du chaos », « autodestructrice », fustige le quotidien américain, pour qui « l'animosité personnelle de ces élus républicains n'a rien à voir avec la défense du bien public ».

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