À la Une: les hôpitaux du nord de Gaza pris dans l’étau des combats
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Plusieurs titres de presse reprennent cette photo : de minuscules nouveau-nés, emmaillotés dans des bâches, allongés côte à côte, à 7 ou 8 dans un même lit pour essayer de les garder au chaud – donc, vivants. Nous sommes dans l'hôpital al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, qui opère « sous bombardement, sans électricité, eau propre, ni nourriture », décrit le Guardian, pris au piège des affrontements entre le Hamas et l'armée israélienne.
Car, rappelle le Guardian, Israël a « répété que le quartier général du Hamas est situé dans des bunkers sous l’hôpital », ce qui en fait « un objectif clé » malgré le « risque diplomatique » entraîné par de telles opérations.
Indignation autour du bilan humain
Depuis le début du conflit, plus de 11 000 personnes sont mortes à Gaza, selon le gouvernement du Hamas. Et derrière ce chiffre se cachent des réalités individuelles, des histoires personnelles, passées sous silence, regrette le New York Times. « Plus le nombre de morts est élevé, moins nous sommes enclins à nous en préoccuper, car l’ampleur de la souffrance humaine peut nous sembler écrasante, analyse le quotidien, les statistiques ne suscitent ni l’empathie ni l’action. »
D’autant plus lorsqu'elles sont sujettes à caution. Le nombre de morts est peut-être plus élevé – le Guardian pointe ainsi que les responsables de l’enclave « n’ont pas pu mettre à jour le bilan samedi en raison des attaques sur les infrastructures médicales ». Mais certains soupçonnent aussi ce chiffre d'être surévalué, comme Die Welt, qui accuse le Hamas d'avoir « fait du mensonge son principe ». Certes, les chiffres du Hamas, des Nations unies et du ministère israélien des Affaires étrangères sont assez proches, ce qui « est souvent cité comme preuve que les informations [du groupe palestinien] sont à peu près correctes ». Il n’empêche, martèle encore Die Welt : « Le Hamas a clairement intérêt à accroître le nombre des victimes en termes de propagande. »
Déferlement de violence
Depuis le 7 octobre, les événements ont, « une fois de plus, relancé un cycle de violences qui semble sans fin », s’attriste le Japan Times, qui déplore qu’« en l’état actuel des choses, il n’y a aucun effort sérieux pour briser ce cercle », les deux camps refusant « de prendre réellement en compte leurs expériences passées » respectives.
Or, cette « histoire locale » explique les « hostilités » qui habitent la région, pointe L’Orient-Le Jour. Et sert aussi « de terreau à toutes les confusions », véritable « brouillamini dont l’une des conséquences est l’opposition constante entre antisémitisme et islamophobie, comme si chacun était sommé de choisir la condamnation d’un racisme contre l’autre ».
Des haines en fait « communes » ?
L'Orient-Le Jour encore propose de se replonger dans l'histoire de ces deux haines, qui « répondent à des logiques différentes ». Historiquement, il y a d'un côté un antisémitisme issu d’une « dimension conspiratoire » héritée de la vieille Europe, source de discriminations tout au long du Moyen Âge, et qui s’est « accentué » au Proche-Orient « avec la montée du sionisme ». De l’autre, il y a cette « hostilité vis-à-vis des musulmans (…) présentés comme un bloc monolithique dont les membres réels ou supposés sont réduits à leur islamité ». Un peu de la même façon que l’antisémitisme réduit des personnes à leur judéité. Le journal libanais enfonce le clou : « Comme pour l’antisémitisme, l’islamophobie peut viser des personnes qui ne sont pas musulmanes, mais sont perçues comme telles. » Bref, « ces deux racismes sont complémentaires », estime le titre, et leur constante opposition « est non seulement vaine, elle est dangereuse ».
Il faut donc espérer une union face à ces discriminations. C'est la piste défendue par L'Orient-Le Jour : « Tout devrait amener les cibles de l’antisémitisme et de l’islamophobie à s’unir dans des contextes occidentaux marqués par la progression (…) des replis identitaires. »
Mais ce serait faire sans ce lourd passé. Or, même si le conflit israélo-palestinien « sert avant tout de caisse de résonance » à ces haines, on « ne peut faire abstraction de l’histoire ». L’Orient-Le Jour se résigne : « On voit mal comment la persistance de la tragédie palestinienne pourrait s’effacer derrière un discours chantant sur un air arabo-andalou l’amitié entre les descendants d’Isaac et d’Ismaël. » Et l’article libanais se referme sur l’obscurité : « Pour l’instant, cela semble sans issue. »
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