À la Une: des dizaines d’otages libérés par le Hamas
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Son visage est devenu le symbole de l’espoir, ses immenses yeux noirs et ses cheveux bouclés ont fait le tour du monde : Abigail Edan a été libérée ce week-end par le Hamas, après « avoir passé son anniversaire en captivité », écrit le Washington Post. Elle n’a que 4 ans. « Pendant 50 jours, sa famille a gardé espoir que l’enfant […] reviendrait à la maison. Et [hier], ces espoirs sont devenus réalité. » Comme 57 autres otages du groupe armé palestinien, la petite fille a remis le pied sur le sol israélien, à la faveur d’un accord négocié sous la médiation, notamment, du Qatar et des Etats-Unis.
En échange, plus de 110 prisonniers palestiniens ont été relâchés par l’Etat hébreu. Alors d’un côté comme de l’autre de la frontière, la joie a éclaté ce week-end, bouffée d’air frais après des semaines passées dans un brouillard étouffant : Le Soir décrit ainsi les « manifestations de joie » en Cisjordanie, « des dizaines de personnes » rassemblées pour accueillir ces anciens prisonniers ; tandis que Süddeutsche Zeitung raconte un pays qui « vibre depuis le retour des premiers otages du Hamas, » certains même qui « font la fête », un « feu d’artifice d’images, un brouhaha de voix excitées. »
Une parenthèse sur laquelle planent toujours des nuages
Il y a d’abord, en Israël, ceux qui restent étrangers au soulagement. Ceux qui ne peuvent qu’être spectateurs de « la joie des autres » selon la formule du Süddeutsche Zeitung. Ceux pour qui « la vie (…) est en état d’urgence » depuis les attaques du 7 octobre, et qui continuent d’espérer que leurs proches seront bientôt libérés. Pour cela, il faudrait que l’interruption des combats se poursuivent, que l’accord soit étendu.
C’est donc la question partagée par de nombreux observateurs et journaux, et formulée par Le Soir : « la trêve pourra-t-elle être prolongée au-delà de ce lundi ? »
Il y a bien un « frêle espoir » que caresse le journal belge, même si l’accord, « qui avait montré ses premières failles à peine conclu, s’est effectivement révélé fragile. » Exemple cité par le Wall Street Journal : « samedi, le Hamas a retardé la libération d’otages pendant des heures, car, au moment prévu pour le transfert, le nombre de camions d’aide humanitaire entrés dans Gaza n’atteignait pas celui prévu. »
Malgré tout, les efforts diplomatiques se poursuivent, car, estime El Pais, « ils n’auront tout leur sens que si la trêve est maintenue. » Une possibilité qu’entrevoit le New York Times et pour cause : alors qu’un « effondrement de l’accord pourrait avoir mené rapidement à une reprise des hostilités, » « à la place, en réponse à une offre, par Israël, d’ajouter un jour de pause par groupe de 10 otages relâchés, le Hamas a déclaré que lui aussi était intéressé par une extension de l’accord. »
Difficile d’imaginer une trêve pérenne
D’abord, certains observateurs estiment que le Hamas a les cartes en mains. Ha’aretz reprend ainsi les propos d’un membre de la Croix Rouge, qui juge que : « si, le cinquième jour, et le sixième, et le septième, le Hamas choisit de continuer à libérer des otages, (…) alors Israël est prêt à étendre la pause dans les combats. Si à l’inverse le Hamas choisit de ne pas le faire, alors la responsabilité reposera entièrement sur ses épaules. »
Ensuite, et comme le relève le Guardian, « l’armée israélienne a signalé, sans ambigüité, sa volonté de relancer sa campagne militaire. » Car le Premier ministre Benyamin Netanyahu a « juré d’éliminer le groupe armé », or, le journal britannique rapporte que « l’état-major estime avoir tué entre 1.000 et 2.000 combattants, sur une base qu’il pense être forte de 30.000 membres. »
L’influence de la communauté internationale
Communauté dont le poids des volontés pourrait infléchir, d’une manière ou d’une autre, la détermination d’Israël. Le Wall Street Journal note ainsi que « Netanyahu est sous pression pour limiter les victimes civiles, » et que certains partenaires souhaitent donc éviter une reprise des combats tant qu’aucune solution n’a été trouvée pour le sud de la bande de Gaza.
Alors, face aux nombreux facteurs en jeu, tout tient dans cette phrase de Joe Biden, reprise là encore par Ha’aretz : « Rien n’est garanti. »
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