Revue de presse internationale

À la Une: l’armée israélienne doit-elle lancer l’assaut sur Rafah?

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Des militaires israéliens dans la bande de Gaza, le 9 février 2024.
Des militaires israéliens dans la bande de Gaza, le 9 février 2024. © AFP
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Fort de la libération de deux otages israéliens dans la nuit de dimanche à lundi, détenus dans un quartier de Rafah, Benyamin Netanyahu entend bien poursuivre son offensive meurtrière dans l’enclave palestinienne. C’est ce que constate Libération à Paris : « Alors que 134 Israéliens sont toujours retenus dans la bande de Gaza – dont 29 seraient morts –, le Premier ministre israélien a confirmé en fin de semaine avoir demandé à l’armée de "préparer" un assaut sur Rafah. Or, souligne le journal, une intensification des hostilités dans cette zone entraînerait de très lourdes pertes civiles. (…) Le scénario d’une augmentation des combats dans cette région surpeuplée suscite de grandes inquiétudes au sein de la communauté internationale, y compris chez les plus proches alliés de l’État hébreu. »

En effet, s’interroge Haaretz à Tel Aviv, « si l’armée israélienne envahit Rafah, qu’adviendra-t-il des plus d'un million et demi de Palestiniens qui s’y abritent ? (…) Il faut imaginer ce qui attend les Palestiniens à Rafah si le plan de Tsahal est mis en œuvre, affirme le quotidien israélien, non pas tant pour des considérations humanistes et morales, qui, après le 7 octobre, ne sont plus très pertinentes pour la majorité du public israélo-juif, mais en raison des implications militaires, humanitaires et - finalement - juridiques et politiques qui sont certainement attendues si nous nous engageons dans cette voie ».

« Israël doit faire le nécessaire »

Non, rétorque le Jerusalem Post, « il y a encore 134 otages à Gaza. Nous ne nous arrêterons pas tant que chacun d’entre eux ne nous aura pas été rendu. Le 7 octobre, le Hamas a déclenché l’enfer, après avoir prospéré pendant de nombreuses années grâce au soutien de l'étranger. Il a reçu le soutien d’organisations internationales et a exploité les institutions des Nations unies. Le Hamas commet des crimes contre l’humanité depuis trop longtemps et sa tentative de s’accrocher au pouvoir dans son dernier retranchement, Rafah, est évidente et doit être contrecarrée. (…) Il est essentiel, conclut le Jerusalem Post, de poursuivre l’action de Tsahal afin de retrouver d’autres otages et d’expulser le Hamas de cette zone ».

Die Welt à Berlin est sur la même ligne. « Pourquoi Israël doit aussi conquérir Rafah » : c’est le titre de l’éditorial du quotidien allemand. « Après le 7 octobre, le plus grand massacre de civils juifs depuis l’Holocauste, Israël a parfaitement le droit de se défendre et a également le devoir envers ses propres citoyens d’éliminer enfin la menace terroriste à sa propre frontière, affirme Die Welt. C’est le Hamas, et non Israël, qui a militarisé les écoles, les mosquées et les hôpitaux et qui a creusé des tunnels dans des quartiers entiers. C'est la faute de l'organisation terroriste si tant de dégâts sont causés dans la nécessaire lutte contre les extrémistes, car le Hamas utilise sa propre population dans la bande de Gaza et les infrastructures civiles comme boucliers de protection.(…) Israël doit donc faire le nécessaire pour libérer les otages, conclut le quotidien allemand, et éliminer la menace terroriste. Et cela inclut la prise de Rafah. »

Les nouveaux bataillons du Hamas

« Une attaque israélienne sur Rafah serait une erreur fatale, réplique le Times à Londres. Pour Netanyahu, ce serait peut-être la voie vers la victoire absolue, mais cela ne ferait que prolonger le conflit et créer une nouvelle génération de combattants du Hamas. »En effet, précise le Times, un chiffre à prendre en compte, c’est celui des 17 000 orphelins de Gaza : « Sans aucun espoir de paix au Moyen-Orient, ces orphelins constitueront un jour les nouveaux bataillons du Hamas. » Et le journal de conclure : « L'avenir du Moyen-Orient pourrait bien dépendre du sort de Rafah. »

Qui plus est, l’argument du sauvetage des otages ne se justifie pas, estime pour sa part le Guardian. « L’armée israélienne n’a sauvé que trois otages en plus de quatre mois de combats, alors que plus de 100 ont été libérés dans le cadre de négociations avec le Hamas. »

Et désormais, relève encore le quotidien britannique, la pression internationale se fait de plus en plus forte en direction de Benyamin Netanyahu. Pression américaine notamment. D’après le Guardian qui cite la chaine de télévision NBC, Joe Biden, à bout de patience, aurait qualifié à plusieurs reprises le Premier ministre israélien de « connard ».

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