À la Une: la Russie est-elle sur le point de l’emporter en Ukraine?
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« Alors qu’on approche du deuxième anniversaire de l’invasion russe, l’Ukraine se trouve dans une situation bien plus périlleuse qu’il y a un an, relève le Times à Londres. Une série d’amères défaites ukrainiennes se sont enchainées, notamment la perte de Bakhmout, la contre-offensive estivale déjouée et la prise d’Avdiivka par les troupes russes la semaine dernière. » Qui plus est, poursuit le quotidien britannique, « Kiev débute cette année 2024 en proie à l’incertitude quant à la fidélité de ses alliés occidentaux ».
Toutefois, tempère le Times, « la plupart des analystes s’accordent sur le fait que, même si la Russie a l’avantage, aucun pallier décisif n’a encore été atteint. Les atouts revitalisés de la Russie seront contrebalancés si l’industrie et la technologie occidentales choisissent de mettre bientôt leur puissance derrière l’Ukraine et si l’Ukraine mobilise davantage d’hommes à temps ».
La Russie à bout de souffle ?
Dans une interview au Wall Street Journal, le chef du renseignement militaire ukrainien se veut optimiste.
Certes, pointe le journal, « le lieutenant-général Kyrylo Budanov reconnait la situation difficile dans laquelle se trouvent les forces ukrainiennes, qui sont en infériorité numérique et qui ne disposent pas des armes nécessaires. Mais la Russie a également des problèmes, affirme-t-il : "l’armée professionnelle russe a été en grande partie détruite au cours de la première année de l’invasion, ce qui signifie qu’elle lance maintenant des conscrits non entraînés dans des assauts suicidaires. Elle utilise plus d’obus d'artillerie qu’elle ne peut en produire et les attaques de missiles sur les villes ukrainiennes ont diminué au cours des dernières semaines en raison de l’épuisement des stocks russes". Par conséquent, poursuit le général Budanov, "la Russie aura du mal à atteindre son principal objectif stratégique qui est de s’emparer de toutes les régions orientales de Donetsk et de Louhansk cette année. Ils n’ont pas la force nécessaire" ».
Commentaire du Wall Street Journal : « Cette analyse est considérée par les experts occidentaux comme un scénario optimal pour l’Ukraine cette année. Si l’Ukraine parvient à mener une bataille défensive intelligente, en épuisant les forces russes tout en reconstituant ses propres forces, elle pourrait lancer une nouvelle contre-offensive contre un adversaire affaibli l’année prochaine en 2025. »
Le soutien américain se fait attendre
Et « c’est pourquoi le soutien du Congrès américain à la poursuite de l’aide militaire à Kiev est si important, relève de son côté le Washington Post. Il donnerait à l’Ukraine le temps de consolider ses défenses et de protéger son territoire contre les attaques cette année, afin qu’elle puisse peut-être relancer une offensive l’année prochaine ».
Et parmi les armes que les États-Unis pourraient fournir à l’Ukraine, David Petraeus, l’ancien directeur de la CIA préconise, dans les colonnes du New York Times, « l’envoi de missiles tactiques qui doubleraient la portée des missiles déjà fournis par les États-Unis, soit environ 300 kilomètres. Mais encore une fois, pointe le journal, la fourniture de ces missiles longue portée est toujours suspendue à l’approbation par la Chambre des représentants des 60 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, approuvés par le Sénat la semaine dernière ».
Une armée ukrainienne démoralisée ?
En attendant, c’est l’amertume dans les rangs de l’armée ukrainienne et même la colère après la chute de la ville d’Avdiivka. C’est du moins ce que rapporte l’envoyé spécial dans la région du quotidien suisse Le Temps qui cite les propos d’un officier : « On ne pouvait pas imaginer pire, affirme-t-il, il n’y a pas eu de deuxième ligne de défense, pas de positions arrière. À l’état-major, chacun se renvoie la balle. [...] D’autres officiers critiquent une décision de repli trop tardive, poursuit le journal. Et les soldats sur le terrain, les braves et les malheureux de tous grades, n’ont qu’une demande, pointe encore Le Temps : celle de voir médiatisés les sacrifices qu’ils ont consentis en vain pour défendre quelques kilomètres carrés. »
De plus, souligne le quotidien suisse, « le récent remaniement à la tête de l’armée a laissé des traces, le général Oleksandr Syrsky ne jouit pas de la popularité de son prédécesseur Valerii Zaloujny ; cette débâcle est aussi sa première défaite ».
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