À la Une: les casques bleus du Liban dans le viseur de l’armée israélienne…
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Après des tirs contre des soldats de la Finul, en fin de semaine dernière, l’escalade s’est poursuivie hier avec l’intrusion de chars de Tsahal dans un camp de l’ONU. De nombreux pays se sont indignés.
« L’Italie est le pays qui a le plus vivement réagi en défense des quelque 10.000 casques bleus présents au Sud-Liban, pointe Libération à Paris. Parmi eux, plus de 1000 sont Italiens ; ils constituent le plus fort contingent après les Indonésiens (les Français sont environ 670). Lors d’une conversation téléphonique dimanche, la présidente du Conseil Giorgia Meloni, dont le pays assure la présidence tournante du G7, a affirmé à Benyamin Netanyahu qu’il était “inacceptable que la Finul soit attaquée par les forces armées israéliennes“ et rappelé que “la mission agit en vertu d’un mandat du Conseil de sécurité pour contribuer à la stabilité régionale“ ».
Interrogé par le Corriere Della Sera à Rome, le général de brigade Stefano Messina, commandant italien de la Finul explique que ses hommes « ont été frappés par les Israéliens sans excuses ni explications. Il a été décidé de rester sur nos positions, affirme-t-il, battre en retraite était trop risqué ».
La Finul… un boulet ?
Le Jerusalem Post justifie les interventions de l’armée israélienne contre les positions des Casques bleus : « la Finul est inefficace et ne remplit pas sa mission de maintien de la paix. La Finul est un boulet. Son mandat n’inclut pas directement la confrontation avec les milices non étatiques - un facteur qui a sans doute contribué à son inefficacité au fil des ans. (…) Ironie du sort, la seule chose que la force intérimaire n’a pas réussi à faire au cours de ses 46 années d’existence, c’est maintenir la paix. » Et prévient le Jerusalem Post, désormais, « en restant sur place, la Finul expose ses troupes à d’éventuelles dommages collatéraux ».
Israël tout permis ?
A contrario, le quotidien israélien d’opposition Haaretz ne mâche pas ses mots : Israël se croit tout permis, affirme le journal. « Israël est dans un état d’orgueil démesuré. Nous sommes passés du fond du gouffre après la tragédie du 7 octobre, aux sommets de l’arrogance du changement de régime et du déplacement des peuples dans tout le Moyen-Orient. Et tout cela en l’espace d’un an. Cela se terminera dans les larmes et le sang, prédit Haaretz. (…) Des millions de personnes fuient l’armée israélienne pour sauver leur vie, déplacées, réfugiées, démunies, désespérées, blessées, orphelines et infirmes dans des cortèges interminables de souffrances à Gaza et au Liban. Bientôt en Cisjordanie et peut-être aussi en Iran. Jamais autant de personnes n’ont fui la terreur d’Israël, pas même lors de la Nakba de 1948. Ils n’oublieront jamais ce qu’Israël leur a fait. Jamais ».
Impunité ?
« (Cet orgueil démesuré) Cette hubris est inquiétante, soupire Le Monde à Paris. Le Proche-Orient a déjà fait l’expérience dans un passé proche des errements auxquels conduit le sentiment de toute-puissance militaire, ce marteau qui transforme tout en clou sur lequel s’acharner. Sur le plan diplomatique, cette hubris se traduit par la stigmatisation de tout ce qui peut être associé aux Nations unies, relève Le Monde. Leurs agences tentent pourtant inlassablement d’empêcher que la tragédie en cours à Gaza, où l’aide humanitaire est corsetée par Israël (…), échappe définitivement à tout contrôle. De la colonisation sans entraves de la Cisjordanie occupée à la conduite des guerres en cours jusqu’au cœur de Beyrouth, en passant par l’embargo qui étrangla pendant dix-sept ans Gaza sans affaiblir le moins du monde le Hamas, l’État hébreu ne cesse d’agir en toute impunité au regard du droit. Le résultat devrait pourtant interroger ».
« Témoins inconfortables »
« Dans l’état actuel des choses, pointe El Pais à Madrid, il pourrait sembler que la mission de maintien de la paix de l’ONU n’ait plus de sens. C’est exactement ce que Netanyahu entend réaliser avec ses avertissements et ses menaces. Mais la gravité de l’escalade de la guerre indique le contraire, s’exclame le quotidien espagnol. Si l’on veut obtenir un cessez-le-feu, rien n’est plus utile que d’avoir sur le terrain les troupes nécessaires pour l’appliquer. Il est logique que ceux qui n’en veulent pas demandent son retrait. Le Premier ministre israélien préfère agir sans la présence de ces témoins inconfortables que sont les casques bleus ».
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