Revue de presse internationale

À la Une: le tournant répressif de l’Union européenne sur l’immigration

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La Première ministre italienne Giorgia Meloni s'adresse à la presse lors du sommet conjoint de l'Union européenne et du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à Bruxelles, Belgique, le 16 octobre 2024.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni s'adresse à la presse lors du sommet conjoint de l'Union européenne et du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à Bruxelles, Belgique, le 16 octobre 2024. REUTERS - Johanna Geron
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« Immigration : quand l’Europe se réveille » : c’est le titre de l’éditorial du Figaro à Paris qui se félicite de la volonté de Bruxelles de durcir sa politique d’immigration. « “Nous y arriverons !“, proclamait Angela Merkel en lançant son opération “portes ouvertes“ aux demandeurs d’asile de Syrie et d’Irak en 2015, rappelle Le Figaro. Deux millions et demi de réfugiés plus tard, l’Allemagne n’y arrive plus, constate le journal, et l’Europe se réveille avec elle. Reprendre le contrôle de ses frontières est devenu, selon le centriste polonais Donald Tusk, un enjeu de survie “pour la démocratie libérale“ sur le Vieux Continent. Ostracisé pour avoir érigé 175 km de murs barbelés sur sa frontière, (…) le Hongrois Viktor Orban fait désormais quasiment figure de précurseur, affirme encore Le Figaro. De repoussoir post-fasciste, l’Italienne Giorgia Meloni est en train de s’imposer comme un modèle : Allemands, Français, Suédois et même le travailliste britannique Keir Starmer observent avec intérêt les débuts de son expérience albanaise – l’ouverture de centres de rétention pour y instruire les demandes d’asile. À l’aube d’un sommet européen largement consacré au sujet, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen invite à “tirer les leçons“ de l’accord entre Rome et Tirana, encline à déployer des “hubs de retour“ dans des pays tiers. Dans ce nouveau climat, conclut Le Figaro, Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, ne craint pas d’être isolé à Bruxelles. Seul le socialiste espagnol Pedro Sanchez fait encore exception, mais jusqu’à quand ? »

En l’espace d’un an

Justement, changement de ton radical dans El Pais en Espagne : « les citoyens de l’Union européenne doivent se demander ce qui s’est passé cette année pour que le discours communautaire sur la tragédie de l’immigration irrégulière se soit si drastiquement durci. En seulement 10 mois, constate le quotidien espagnol, nous sommes passés de la signature du Pacte sur les migrations, déjà restrictif – historique, selon les termes des autorités européennes – à une proposition de la Commission visant à créer des centres d’expulsion en dehors des frontières de l’Union. Les Vingt-Sept semblent glisser à toute vitesse vers un modèle qui ignore les droits de l’homme et qui, il y a quelques années encore, était considéré comme illégal par les mêmes institutions qui le promeuvent aujourd’hui. »

Des solutions alternatives ?

Au Royaume-Uni, le Guardian s’insurge également : « le projet italien de délocalisation des demandes d’asile ne devrait pas servir de modèle au reste de l’Europe. (…) Des solutions alternatives sont nécessaires pour contrer l’obsession populiste des contrôles aux frontières. Il existe, affirme le quotidien britannique, des options meilleures et plus humaines pour contrer les pratiques de violence aux frontières et les politiques migratoires “rentières“, qui évitent de renforcer la tendance à transférer la responsabilité vers des pays tiers. Investir dans des mesures garantissant un accès effectif à l’asile et un accueil et une intégration dignes au sein de l’UE ferait la différence. La gestion harmonieuse et réussie de la crise humanitaire ukrainienne a démontré que le défi migratoire de l’UE n’est pas une question de chiffres. L’UE, rappelle le Guardian, a été en mesure d’accueillir plus de 4 millions de réfugiés ukrainiens lorsqu’elle a fait preuve d’une volonté politique cohérente. »

Liban : à quand un véritable État démocratique ?

Et puis à lire dans le New York Times, cette tribune de la journaliste libanaise Joumana Addad : « le dernier conflit en date est l’une des nombreuses tragédies provoquées par Israël, écrit-elle, avec son extrémisme de droite, sa violence disproportionnée, son expansionnisme avide et ses guerres impitoyables. Le Hezbollah a également semé la dévastation, avec sa vision ultrareligieuse, sa fidélité à l’Iran et sa prise d’otages de l’État libanais depuis de nombreuses années. Quand Israël et l’Iran se menacent mutuellement, nous mourons. Mais, poursuit Joumana Addad dans le quotidien américain, il est temps d’admettre que nous, le peuple libanais, avons notre part de responsabilité. Nous ne parvenons pas à tirer les leçons qui s’imposent à chaque fois. Une majorité continue de soutenir les seigneurs de guerre corrompus qui contrôlent le peuple en faisant appel aux instincts sectaires et en utilisant l’attrait du clientélisme, remplaçant les institutions de l’État qu’ils ont eux-mêmes contribué à miner. Il est temps, conclut la journaliste libanaise, de sortir la tête du sable de la résilience et de travailler ensemble à la construction d’un véritable État démocratique et laïque. »

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