Coupe du monde 2022: les critiques contre le Qatar sont-elles toutes justifiées?

Droits de l'homme bafoués, conditions des travailleurs migrants, climatisation excessive, à quelques jours du lancement du Mondial 2022 de football, les critiques restent vives à l'encontre du Qatar. Mais sont-elles toutes justifiées ? Et les Qatariens, qu'en pensent-ils ? Anne Bernas est journaliste à la rédaction multimédia de RFI. De retour de Doha, la capitale de l'émirat, elle raconte. 

Le souk Waqif de Doha à l'heure du Mondial 2022. © Anne Bernas/RFI

« L'ambiance Coupe du monde, on la ressent avant même l'arrivée à Doha », raconte Anne Bernas dans cet épisode de Témoins d'actu. « Sur la compagnie nationale, dans l'avion, ce sont de grands noms du football qui dans une vidéo livrent les consignes habituelles de sécurité ». Une fois sur place, difficile d'ignorer que l'ouverture Mondial 2022 approche : « Sur la route qui mène de l'aéroport au centre-ville, tous les panneaux sont aux couleurs de la Fifa et des portraits des joueurs de l'équipe qatarienne sont placardés sur les façades ».

Quel islam dans ce pays arabe et musulman ?

« Le Qatar, c'est loin d'être l'Arabie saoudite, explique Anne Bernas. Certes, ces deux pays pratiquent le wahabisme, une application très stricte de la religion, mais à Doha, les autres confessions sont tolérées. Par exemple, des messes sont données chaque vendredi dans un grand complexe religieux où se réunissent des centaines de milliers de fidèles chrétiens ». 

Et les femmes ? 

« Elles portent l'abaya, la grande tunique noire qui ne laisse apparaître que les yeux, mais elles m'ont expliqué qu'il s'agissait plus de quelque chose de culturel, traditionnel, que religieux. L'une d'elles ne s'est pas cachée pour me montrer qu'en dessous de sa tunique, elle portait un short court et un tee-shirt moulant ». 

« Il faut comprendre, poursuit Anne, qu'au Qatar, les femmes sont beaucoup plus visibles que les hommes. 60% d'entre elles travaillent, elles conduisent et ont le droit de vote ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays arabes. En revanche, elles n'ont pas le droit de voyager sans l'autorisation d'un homme avant l'âge de 25 ans ».

Et le droit des travailleurs migrants ?

« Très peu se plaignent, même s'ils concèdent tous que la vie n'est pas facile. Depuis que la problématique de leur exploitation est apparue, des efforts ont été faits, c'est d'ailleurs pour cela qu'Amnesty International n'appelle pas, comme d'autres, au boycott de ce Mondial ».

Et l'écologie dans tout ça ?

C'est l'un des points sur lequel le Qatar subit le plus de critiques. « La climatisation est présente partout, même à l'extérieur. Le Qatar est le pays qui détient le record d'émission de CO2 par habitant. C'est surtout le trafic aérien qui va avoir un impact très négatif sur l'environnement, près de 1 600 avions vont atterrir chaque jour à Doha. Et ce qu'il faut comprendre, c'est que se loger au Qatar étant très cher, les supporters n'ont d'autre choix que d'aller dans les pays limitrophes, pour se rendre au stade, ils prendront donc l'avion ».

S'il reste énormément de problèmes, notamment sur la question des migrants, les Qatariens sont fiers que leur pays accueille ce Mondial 2022. « Si le dialogue a été facile avec les habitants, conclut Anne, beaucoup m'ont quand même appelée à mon retour en me disant qu'ils n'auraient peut-être pas dû me dire ceci ou cela. Le sentiment de peur existe ».

►À lire aussi: 

• Au Qatar, les critiques autour de la Coupe du monde passent mal

• Welcome to Qatar, le pays où parler anglais est une nécessité

• Travailleurs migrants au Qatar: «J’adore le foot, mais je ne pourrai pas assister aux matchs»

Abonnez-vous à «Témoins d'actu»

Témoins d'actu est disponible à l’écoute sur toutes les plateformes de podcasts : Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Podcast Addict, TuneIn ou toute autre application en utilisant le flux RSS.

Si vous aimez ce podcast, donnez-lui 5 étoiles et postez un commentaire sur ces applications pour qu'il soit visible et donc encore plus écouté.