La Pologne accueille de loin le plus grand nombre de réfugiés ukrainiens. Au 50e jour de l'offensive russe, plus de 2,5 millions ont franchi la frontière, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés. Parmi eux, plus de 700 000 enfants. Les Polonais se font un devoir de faciliter leur intégration. Mais comment redonner à ces enfants un semblant de vie normale ? De retour de reportage, Agnieszka Kumor, journaliste à RFI, raconte.
Dans cet épisode de Témoins d'actu, Agniezska Kumor, explique que la scolarisation est la priorité pour les enfants ukrainiens réfugiés en Pologne : « L'objectif, est de retrouver un semblant de vie normale avec la routine de l'école. Il faut que la tête, soit ailleurs que dans la guerre ».
« L'intégration, poursuit Agnieszaka, passe par la langue. Souvent, en Ukraine, les collégiens et les lycéens apprennent le polonais comme deuxième langue et dans cette situation, cela les aide beaucoup. Par ailleurs, avant la guerre, beaucoup d'enfants ukrainiens avaient déjà rejoint la Pologne avec leurs parents venus chercher du travail. Ceux-là servent de guides pour faciliter la communication ».
Le corps enseignant met aussi un point d'honneur à les accueillir du mieux possible : « La priorité pour eux, c'est de créer un espace dans lequel les enfants se sentent en sécurité. L'idée, c'est aussi de valoriser leurs acquis. Par exemple, de manière générale, les élèves ukrainiens sont meilleurs en mathématiques que les élèves polonais ».
La culture, le théâtre sont aussi des moyens de faire oublier le drame qu'ils traversent. « À Varsovie, par exemple, des compagnies de théâtre ont ouvert des ateliers, où les enfants ukrainiens et polonais apprennent à se connaître autour de l'improvisation. L'important est vraiment de faire ensemble et non pas séparément. Ne pas stigmatiser, ne pas mettre une étiquette de réfugiés sur ces enfants ».
Agnieszka Kumor, explique aussi que cette solidarité et ce vivre ensemble sont une évidence pour les Polonais en raison de leur histoire passée, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale : « Quand la guerre en Ukraine a débuté, cela a tout de suite résonné en eux ». Et pour signifier aux enfants ukrainiens qu'un après est possible, Agnieszka raconte cette initiative de professeurs de Varsovie : « L'idée a surgi de faire une visite de Varsovie, presque touristique, en leur disant : "Vous voyez, notre ville a été entièrement rasée, détruite, comme vos villes, comme les localités d'où vous venez. Mais Varsovie a été reconstruite et vos villes le seront aussi. Cela prendra du temps, mais si vous rentrez en Ukraine, vous pourrez dire, c'est possible de rebâtir" ».
Ce qui a également marqué Agnieszka, c'est la forte résilience de ces enfants. « Au premier abord, ils ont souvent un visage figé, mais dès qu'ils sont au contact d'autres enfants, ils commencent à échanger, surtout chez les plus petits, et malgré la barrière de la langue. Ils se mettent à chahuter, à retrouver leur vitalité d'enfant ».
Cette intégration, participe aussi à la reconstruction des parents : « Les professeurs que j'ai rencontrés, me disent que les enfants récupèrent plus vite du traumatisme de la guerre que leurs parents, comme s'ils voulaient leur transmettre quelque chose pour qu'ils puissent guérir, eux aussi ».
►À écouter aussi : Les enfants ukrainiens réfugiés en Pologne
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