Ils sont une dizaine de demandeurs d’asile regroupés au sein du collectif des agriculteurs migrants de Rennes. Ces hommes et femmes originaires d’Afrique subsaharienne notamment de la Côte d’Ivoire et du Cameroun, se sont lancés dans l’agriculture à Melesse, à une quinzaine de km de Rennes, dans le nord-ouest de la France. Un travail bénévole dont les fruits et légumes sont partagés avec d’autres personnes en situation de précarité. Kpénahi Traoré est allée à leur rencontre.

Au départ, ces demandeurs d’asile ont d’abord adressé un courrier à la mairie de Rennes pour, affirment-ils, proposer leur aide et donner un coup de main pour la propreté de la ville. Leur proposition étant restée lettre morte, étant sans papiers et n’ayant pas le droit de travailler, ils décident de se lancer dans l’agriculture au début de l’année 2025. Kassiri Gbeuli Ellogne, est Ivoirien, il était déjà agriculteur et éleveur dans son pays. «Je ne pensais pas travailler la terre en France quand je suis arrivé. Mais c’est cette opportunité qui s’est présentée à moi», dit-il avant de renchérir, «même si je parviens à être régularisé un jour, je n’abandonnerai pas l’agriculture parce que c’est la terre qui nous nourrit».
Grâce à un appel à solidarité lancé par le collectif «campagnes ouvertes et solidaires», une habitante de la région leur prête un terrain d’un hectare avec un accès au puits de la ferme pour l’arrosage des plants. Un agriculteur se propose de labourer le terrain avec son tracteur. Mais ils vont se heurter à une première difficulté. Alors qu’ils avaient déjà commencé les semis, ils ont été contraints de changer d’emplacement à cause du racisme. «Le voisin de la première parcelle qui nous a été prêtée est venu nous dire ouvertement qu’il ne peut pas partager de voisinage avec des personnes noires ; ce qui nous a vraiment déçus parce qu’on voulait seulement travailler», regrette Eddy Valère Djonang Ngandjeu, l’un des porteurs du projet agricole. Après cette mésaventure, la propriétaire des lieux leur propose une autre parcelle. C’est ainsi qu’Eddy et ses camarades ont pu commencer à cultiver. Quelques mois plus tard, les premiers légumes ont poussé.
Aider d’autres personnes dans le besoin
Pommes de terre, poireaux, poivron, piment, potirons, ce sont notamment ces produits frais qu’on retrouve dans leur champ. Vivant dans des campements et des hébergements de fortune, ils ne peuvent pas conserver leurs récoltes, ils décident d’en faire profiter d’autres personnes en situation de précarité. Deux fois par semaines, Le Secours populaire de Maurepas, près de Rennes, passe les récupérer pour ensuite les distribuer. «Une centaine de personnes vont en bénéficier», lance Katy Balcou bénévole au Secours populaire, venu chercher la récolte du jour avec sa voiture. «Ils ont besoin d’être encouragés, et face à l’effort d’Eddy et de ses camarades les responsables du Secours populaire ont compris qu’ils devaient contribuer aussi. Donc la prochaine fois, le Secours populaire achètera les graines pour 100 euros, ce n’est pas beaucoup mais ça peut aider», ajoute-t-elle. Depuis cet été, le collectif des agriculteurs migrants de Rennes a donné près d’une tonne de légumes au Secours populaire. Ils souhaitent continuer leur projet en hiver, et pour cela, ils ont besoin d’une serre et d’autres matériels agricoles. Pour atteindre leur objectif, une cagnotte a été ouverte via le réseau Alternatiba sous l’intitulé Aidez le collectif des agriculteurs migrants de Rennes.
Vous pouvez les encourager en participant à leur cagnotte.
Invités :
- Eddy-Valère Djonang Ngandjeu, Gbeuli Ellogne Kassiri, tous les 2 membres du collectif des agriculteurs migrants de Rennes
- Katy Balcou, bénévole au Secours populaire à Rennes.
Radio partenaire : Radio communautaire de Dang au Cameroun.
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