Aux îles Cook, un accord avec la Chine déclenche la colère de la Nouvelle-Zélande
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Un petit archipel d’une quinzaine d’îles et d’atolls éparpillés dans le sud de l’océan Pacifique, au cœur du grand jeu géopolitique. Le gouvernement des îles Cook a signé un accord avec la Chine en février qui déchaîne les passions. Manque de transparence, exploitation minière et remise en cause de la relation avec la Nouvelle-Zélande, dont dépendent officiellement les îles Cook.

« Un partenariat stratégique » et un soutien de la candidature des îles Cook aux organisations internationales qui déclenche la colère de Wellington et d’une partie des 17 000 habitants des îles Cook. L’annonce du Premier ministre de l’archipel, Mark Brown, le 15 février venait conclure cinq jours de visite en Chine où il a rencontré son homologue Li Qiang. Depuis, tous les éléments de l’accord entre Pékin et les îles Cook n’ont toujours pas été dévoilés et la Nouvelle-Zélande fulmine.
Car officiellement les îles Cook ont un statut hybride, toujours rattaché à l’ancien colon. En 1965, lors de l’indépendance, l’ancienne colonie a signé un accord de « libre association » avec la Nouvelle-Zélande. Les habitants de ces îles bénéficient de la citoyenneté néo-zélandaise avec tous les avantages, le passeport, la sécurité sociale, le système éducatif tout en gardant une certaine autonomie, mais sans être reconnu comme un État par les Nations unies. Cela permet notamment à 100 000 ressortissants de ces îles d’habiter en Nouvelle-Zélande. Cette libre association prévoit des aides publiques à l’archipel, tout comme certaines garanties de sécurité mais suppose en échange une consultation de Wellington, notamment pour les affaires étrangères.
« Manque de transparence »
Selon le chef de la diplomatie néo-zélandaise, le « partenariat stratégique » signé avec la Chine ne respecte pas ces conditions. « Nous nous attendons à ce que le gouvernement des îles Cook ne cherche pas à obtenir des avantages réservés aux États totalement indépendants, estime Winston Peters, tels que des passeports, une citoyenneté distincte, devenir membres des Nations unies ; du Commonwealth ou encore de mener des politiques qui vont à l'encontre des intérêts de la Nouvelle-Zélande ». Car l’accord avec Pékin précise que la deuxième économie mondiale est prête à soutenir les aspirations des îles Cook à élargir sa participation aux organisations internationales.
Minerais rares
Wellington dénonce le manque de transparence de cet accord mais semble démunie face à l’influence économique chinoise qui ne cesse de s’étendre dans le Pacifique Sud. Kiribati, les îles Salomon et maintenant les îles Cook, la Chine investit massivement dans ces petits États insulaires. Face aux accusations d’opacité, des éléments du partenariat stratégique ont été dévoilés. Ceux-ci détaillent une coopération accrue dans l’éducation, le tourisme, la pêche, les infrastructures, mais aussi l’exploitation des fonds marins. Les autorités des îles Cook estiment qu’il pourrait y avoir 20 millions de tonnes de cobalt mais aussi des quantités très importantes de nickel, de cuivre, de fer, de manganèse… Des minerais essentiels aux activités chinoises dans le domaine des batteries électriques, des éoliennes ou des panneaux solaires. Pour la Nouvelle-Zélande difficile de concurrencer la Chine dans ce domaine.
Mais Wellington compte bien jouer sur les liens historiques entre les deux archipels séparés de 3 000 km. Cette semaine des centaines de manifestants, certains brandissant des panneaux affichant passeport néo-zélandais, se sont rendus devant le Parlement dans la capitale, Avarua. Le Premier ministre Mark Brown avait vu son projet de passeport propre aux îles Cook rejeté par la Nouvelle-Zélande en décembre. Cela supposerait une remise en cause de la « libre association ». Le ministre des Affaires étrangères néo-zélandais a d’ailleurs assuré ce mercredi que les îles Cook étaient toujours libres de choisir de « devenir » indépendant. Une partie de la population et l’opposition locale est en tout cas vent debout face aux velléités d’éloignement de la Nouvelle-Zélande du Premier ministre Mark Brown. Il affrontera un vote de censure au Parlement le 25 février.
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